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se joindre les longs et anciens services rendus à la télégraphie par l’administration helvétique, qui s’était de tout temps signalée par une entente admirable des questions pratiques. Quant aux commissions intermittentes, le régime en fut établi dans les termes qu’avait posés l’amendement français.

Il fallait assurer le budget du bureau international. La conférence arrêta la répartition des dépenses entre les différentes puissances. A cet égard j les états furent partagés en six classes, en tenant compte du chiffre de la population, de l’étendue des lignes et du nombre des bureaux. La première classe comprit l’Allemagne du nord, l’Austro-Hongrie, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Russie, la Turquie; la seconde, l’Espagne seule; la troisième, la Bavière, la Belgique, les Pays-Bas, la Roumanie, la Suède; dans la quatrième, on plaça la Norvège, la Perse, la Suisse, le Wurtemberg; dans la cinquième, le grand-duché de Bade, le Danemark, la Grèce, le Portugal, la Serbie; dans la sixième enfin, le Luxembourg et l’état pontifical (non représenté à la conférence).

Si succinctes que soient les indications qui précèdent, on voit comment se formulait le gouvernement donné par la conférence de Vienne à la fédération télégraphique. L’office directeur, les commissions intermittentes, le bureau international, formaient trois rouages, dont le dernier surtout était une création originale. C’était une véritable innovation que ce pouvoir exécutif qu’on chargeait d’entretenir d’une façon continue l’harmonie et l’accord de tous les associés.

Avant d’en finir avec la conférence de 1868, nous dirons encore quelques mots d’une question qui offre un intérêt particulier, parce qu’en raison des incidens qui ont surgi depuis, elle a été la première matière où a dû s’exercer l’action du syndicat européen. Nous voulons parler des questions de concurrence qui se présentent lorsqu’un même courant de correspondances peut se diviser entre plusieurs voies. Les délégués cherchèrent à concilier dans ce cas les prétentions de tous les intéressés.

Un incident mit ce problème à l’ordre du jour. On s’occupait de déterminer le nombre de mots assignés à la dépêche simple. La plupart des délégués le fixaient à vingt suivant un usage déjà ancien. L’Italie demandait quinze mots; elle alléguait des études statistiques d’où il résultait que la dépêche de quinze mots entre pour 63 pour 100 dans le mouvement des correspondances; mais cet argument ne frappa que faiblement les esprits, préoccupés surtout de l’inconvénient qu’il y aurait à modifier une règle généralement admise. Cependant l’on vint demander au nom de la pratique une autre dérogation à cet usage : les compagnies sous-marines qui,