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saient le syndicat télégraphique, tant en Europe qu’en Asie et en Afrique, des divergences d’opinion se produisaient nécessairement; les renseignemens fournis par chacun des offices aux vingt-cinq autres ne parvenaient pas toujours à toutes les adresses; ces documens n’étaient pas toujours conçus dans des termes parfaitement clairs pour tous; enfin le défaut d’unité se faisait sentir à chaque instant dans la pratique. Pour remédier à cet inconvénient, la Suisse demandait qu’on instituât un agent spécial nommé par la conférence et payé par tous les états. Cet agent, auquel on donnerait le titre de secrétaire-général des conférences, ferait les affaires de tous les offices et se chargerait de toutes les notifications. Le rôle de l’agent ne se bornerait pas là d’ailleurs. La nomenclature détaillée des bureaux de tous les pays est le principal élément des tarifs internationaux. Elle constitue un document volumineux, difficile à établir et à maintenir toujours exact. Qui empêcherait que l’agent se chargeât seul de le dresser et de le fournir à tous les intéressés? Et en matière de statistique quels services ne pourrait-il pas rendre! La statistique est le flambeau qui éclaire les questions et qui signale les progrès faits et à faire. Si chacun l’établit de son côté, on tirera difficilement parti de renseignemens exprimés sous des formes très diverses. L’agent adopterait une formule, ferait les démarches nécessaires pour qu’elle fût remplie par chaque office, et publierait les tableaux généraux qui en résulteraient.

La note suisse ne donnait point à l’agent une existence tout à fait indépendante. Elle admettait une administration directrice, à qui les demandes de modifications au règlement seraient adressées, qui demeurerait également chargée, quand l’assentiment unanime des contractans aurait été obtenu, de promulguer les changemens adoptés. L’agent spécial devait être placé sous les ordres de l’administration directrice et fonctionner auprès d’elle pour l’étude de toutes les questions d’intérêt commun. Il assisterait aux conférences avec voix consultative.

La commission proposée par la France d’une part, — le secrétaire-général proposé d’un autre côté par la Suisse, — étaient deux organes différens qui ne se remplaçaient pas l’un l’autre, mais qui pouvaient fonctionner d’une façon connexe et dont le jeu pouvait être solidaire. Aussi la conférence les comprit dans une délibération commune malgré la résistance des intéressés, qui tenaient à assurer à chacun des deux sujets une discussion particulière. C’était surtout sur le rôle de l’agent spécial qu’il importait de s’entendre. Les délégués de la Belgique demandèrent pour cet agent une position plus indépendante que celle qui résultait du projet. Ils avaient un exemple à proposer. Sous le titre « d’agent général des chemins