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et l’heure télégraphique. Un autre jour, le Portugal ne demande rien moins que l’invention d’une langue universelle; à défaut de cette création, il estime qu’une des langues usuelles pourrait être choisie entre toutes et exclusivement adoptée pour la correspondance télégraphique. On le renvoie pour le principal de son projet à Condillac et à Condorcet; cependant la conférence en retient quelque chose, et décide que l’envoi des dépêches de service aura lieu généralement en langue française.


VI.

Arrivons à l’œuvre principale de la conférence de Vienne, aux mesures qu’elle prit pour constituer ce que nous avons appelé déjà l’hégémonie télégraphique. On sait qu’il y avait beaucoup à faire. L’association des offices n’avait pu jusque-là se passer entièrement d’une direction; mais la France, investie dans une certaine mesure du rôle de puissance directrice, avait réduit son action au point de l’annuler. Le plus clair de son travail était une carte embrassant l’ensemble des ré: eaux internationaux, carte qu’elle avait dressée conformément à la mission qu’elle avait reçue de la réunion de Paris en 1865. Les délégués français vinrent déposer sur le bureau de la conférence la minute magnifique de la carie ainsi préparée; ce n’était là cependant qu’un détail, il fallait fonder la direction du service.

Diverses propositions, deux surtout, étaient à ce sujet soumises à la conférence. L’une émanait de la France, l’autre de la Suisse. La convention de Paris, révisée à Vienne, devait bien constituer pour le syndicat des offices un code permanent; mais des incertitudes pouvaient se produire, hors de l’époque des conférences, au sujet de l’interprétation de tel ou tel article du traité. Que ferait-on en pareille circonstance? Comment trancherait-on les litiges qui devaient naître un jour ou l’autre? L’office français proposait que, sur la demande de l’un des états, une commission spéciale, composée des délégués de toutes les puissances, s’assemblât dans la capitale où aurait eu lieu la dernière réunion. Cette commission résoudrait souverainement toutes les difficultés, et les décisions en seraient obligatoires pour ceux même des états qui n’auraient pas cru devoir s’y faire représenter. Telle était la proposition française.

Quant au projet suisse, il portait sur un point différent. Ce projet était longuement développé dans une note distribuée à la conférence. On y faisait ressortir les inconvéniens dont tout le monde avait été frappé. Entre les vingt-six administrations qui compo-