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n’ont, la plupart, de relations zoologiques un peu étroites qu’avec des espèces des îles de la Mer du Sud, des parties chaudes de l’Inde et de l’Afrique. Un de ces insectes, seul parmi toutes les guêpes connues, est d’un vert-pomme[1]. Les habitans de nos départemens du midi connaissent les cigales ; pendant les beaux jours de l’été, ils sont assourdis par la musique stridente de ces insectes. Les cigales d’Europe, comme celles de presque toutes les parties du monde qu’elles habitent, ont des ailes transparentes ; dans les forêts de Madagascar, il y en a qui ont des ailes opaques et colorées d’une façon charmante. Aux mêmes lieux, dans les bois touffus où s’étalent tant de belles fleurs, vivent des fulgores et des cicadelles d’une foule d’espèces. Les fulgores n’ont pas la dimension de ceux de l’Amérique du Sud, ils ne dépassent pas la taille de l’espèce de Chine continuellement apportée en Europe, qu’on voit représentée sur des potiches, des éventails, des écrans, qui nous viennent du Céleste-Empire ; mais ces fulgores de la Grande-Terre ont des particularités de forme, de coloration et dans l’ensemble une physionomie qui les distinguent d’une manière frappante entre tous ceux des autres parties du monde[2]. Quant aux cicadelles, elles sont très nombreuses, et une réunion de ces insectes délicats semble faite pour offrir aux yeux l’image de toutes les combinaisons possibles des plus vives et des plus fraîches couleurs.

Partout sur le globe, principalement dans les contrées chaudes et humides, cousins ou moustiques font la désolation des indigènes et plus encore des étrangers ; la grande île africaine n’échappe pas au fléau. Ici les terribles petites bêtes ont la même apparence que notre vulgaire cousin. Charles Coquerel, un médecin de la marine, qui a beaucoup observé les insectes de Madagascar, a pris soin d’étudier les moustiques malgaches ; il les a reconnus pour des espèces particulières au pays, et les a qualifiés d’une façon indiquant bien l’impression que causent ces buveurs de sang : l’un est le cousin qui remplit d’inquiétude, l’autre le cousin insatiable[3].

Les coléoptères de la grande île ont été très recherchés, et ils fournissent l’occasion de constater fort aisément ce caractère spécial du pays, qui se manifeste avec plus ou moins d’évidence dans les différens groupes de végétaux et d’animaux. Tout le monde a quelque idée des buprestes, cités pour la beauté et l’éclat de leur robe ; vulgairement ou les appelle les richards, tant on les croirait couverts d’or et de riches pierreries. Chacun en a vu soit dans les musées, soit aux vitrines des marchands d’objets d’histoire natu-

  1. Icaria pomicolor, décrite par M. Henri de Saussure, ainsi que les autres guêpes de Madagascar, Études sur la famille des vespides, t. II.
  2. Pyrops madagascariensis, P. mirabilis, etc.
  3. Culex anxifer, C. insatiabilis.