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adressées dans ces villes ; mais on conçoit combien il est désirable qu’un télégramme puisse être adressé hors du réseau à une destination quelconque, à une petite ville, à une habitation rurale. C’est là une extension considérable du service. À la rigueur, la dépêche peut être mise à la poste pour achever son parcours ; mais cette solution est barbare, car la transmission postale, lente et intermittente, fait perdre le plus souvent au message le bénéfice de la rapidité télégraphique. Aussi, dans la plupart des pays européens, en est-on venu à instituer la remise des dépêches par exprès. C’est fort bien dans les centres principaux, où l’on peut toujours avoir sous la main des agens propres à porter des télégrammes à une distance quelquefois considérable. Il n’en est plus de même dans les petits bureaux ; là une pareille organisation présente les plus sérieuses difficultés et peut devenir à peu près impossible. Aussi dans la commission plusieurs délégués refusaient d’admettre aucune obligation au sujet de la remise des dépêches par exprès. Ceux de la Russie et de l’Espagne se prononçaient nettement dans ce sens. Quelques autres envoyés, ceux de la Suède et de la Norvège par exemple, considéraient au contraire l’institution des exprès comme un complément indispensable de la transmission télégraphique. Le débat qui eut lieu sur cette question aboutit à laisser à chaque état la liberté de se prononcer sur le principe même du service. On traça les principales règles auxquelles devraient s’astreindre ceux qui admettraient la remise par exprès. Chacun des contractans notifierait à cet égard ses propres décisions, et mettrait d’ailleurs le public en mesure de profiter des facilités offertes par les pays étrangers. L’Espagne, la Turquie et la Grèce sont les seuls états qui n’aient point organisé, tant bien que mal, un service d’exprès sur leurs réseaux.

Le projet français contenait ensuite, — et la commission les accepta, — une série de dispositions qui constituent de nouveaux droits pour le public. L’expéditeur peut affranchir la réponse demandée à son correspondant. La réponse peut d’ailleurs être adressée sur un point quelconque du territoire des états contractans ; je suis à Bruxelles par exemple, je puis demander qu’on me réponde à Paris. L’expéditeur peut encore « faire suivre » sa dépêche, c’est-à-dire en assurer la réexpédition autant de fois qu’il est nécessaire pour atteindre un correspondant en voyage. Des facilités spéciales ont été données pour l’envoi d’une même dépêche à plusieurs personnes ou à un même destinataire en plusieurs localités. Enfin, le traité institua la dépêche « recommandée, » qui donnait des garanties toutes spéciales à l’expéditeur. Celui qui envoyait une dépêche recommandée recevait une copie intégrale du texte remis au desti-