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timètres. L’angrec à longue queue a été apporté en Europe, et parfois on l’a vu fleurir dans les serres chaudes pour la plus grande joie des amateurs.

Au milieu des bois et des forêts des provinces orientales et du nord abondent des arbres et de charmans arbrisseaux d’une famille qui n’est représentée en aucun autre lieu du monde, la famille des chlénacées. Une sorte de parenté existe entre ces végétaux et les mauves, mais des différences considérables ne permettent pas l’association. Signalés au siècle dernier par Commerson et par le botaniste espagnol Fernan de Noronha, dont l’œuvre n’a jamais été publiée, ces arbres ont été décrits par Du Petit-Thouars. Les chlénacées, qui composent plusieurs genres, se font remarquer par des feuilles alternes et par des fleurs en grappes pourvues d’un involucre persistant. Il y a les sarcolènes et les leptolènes, qui se couvrent de belles et grandes fleurs en panicules[1], les schizolènes atteignant une hauteur de plus de à mètres, tout gracieux lorsqu’ils sont chargés de fleurs teintées de rose, suspendues à des pédoncules qui naissent aux aisselles des feuilles[2] ; il y a encore la rhodolène, la plus belle des chlénacées, un arbuste plein d’élégance. Trop faible pour vivre isolé, il croît en s’appuyant aux arbres les plus robustes ; les tiges sont garnies de feuilles éparses, et au mois de septembre de fleurs portées deux à deux sur un pétiole commun, — fleurs magnifiques entre toutes, larges comme les plus beaux camélias, avec une corolle à six pétales qui se recouvrent et forment une sorte de campanule d’un pourpre éclatant[3]. Les brexias, arbrisseaux à grandes feuilles, ayant une parenté botanique avec les saxifrages, composent, de même que les chlénacées, une petite famille caractéristique de la flore de Madagascar.

D’autres types de végétaux également propres à la grande île africaine se montrent plus ou moins répandus dans les forêts de la baie d’Antongil, du voisinage de Foulepointe, de Tamatave, des lacs qui s’étendent d’Ivondrou à Andouvourante, ainsi que du pays des Antanosses. Voici le ravensara des Malgaches ou l’agathophylle aromatique des botanistes, unique représentant connu d’un genre de la famille des lauriers[4], arbre de taille plus haute que celui dont le feuillage servait autrefois à couronner les vainqueurs, et comme ce dernier très en faveur pour les usages culinaires. Les Malgaches emploient comme condiment les feuilles et les fruits du ravensara, et Flacourt rapporte que souvent les misérables, ne voulant pas prendre la peine de monter à l’arbre, coupent les troncs.

  1. Sarcolœna grandiflora, S. multiflora, S. eriophora, Leptolœna multiflora.
  2. Schizolœna rosea, S. elongata, S. cauliflora.
  3. Rhodolœna allivola.
  4. Agathophyllum aromaticum, de la famille des lauracées.