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ralistes ; néanmoins les récoltes de plantes et d’animaux ont été assez importantes pour donner une idée déjà satisfaisante de la flore et de la faune de la grande île africaine. Infiniment moins avancées sont les connaissances relatives à la constitution du sol ; c’est à peine si dans ces dernières années de véritables géologues ont commencé l’examen de quelques points des côtes de Madagascar. Des voyageurs avaient parlé d’une manière générale des signes d’anciennes actions volcaniques, indiqué le caractère de certaines roches et la nature de diverses couches superficielles, signalé en maints endroits l’existence du minerai de fer, énuméré des richesses minérales, — toute précision scientifique faisait absolument défaut[1].

L’espoir de rencontrer de la houille ou des gîtes métallifères devait déterminer l’entreprise d’explorations un peu méthodiques. On affirmait, sans en apporter grande preuve, la présence du charbon à Nossi-Bé et à la côte occidentale de Madagascar. En 1853, d’après les ordres du commandant de notre petite colonie, on tenta une première recherche. Des puits furent creusés à Nossi-Bé, une galerie fut pratiquée sur le littoral de la Grande-Terre, à Bavatoubé ; dans cette dernière localité, on put extraire d’une argile schisteuse un combustible mal défini[2]. Vers la même époque, la topographie et la constitution géologique de Nossi-Bé devinrent pour le docteur Herland le sujet d’un ensemble d’observations[3] ; il importait en effet de connaître l’île définitivement acquise à la France. Nossi-Bé, d’une étendue de 22 kilomètres de long et de 15 kilomètres dans la plus grande largeur, se trouve comme escortée par les îlots Nossi-Faly et Nossi-Coumba, devant la baie de Passandava, entre 13" 11’ et 13" 25’ de latitude sud, et 13" 53’ et 46° 7′ de longitude orientale. Trois groupes de montagnes s’élèvent sur cette petite terre : l’un, au centre de l’île, présente un sommet dépassant 500 mètres de hauteur ; près du point culminant, on compte sept lacs qui occupent des cratères d’effondrement, — les principaux cours d’eau descendent des montagnes centrales. Le groupe du nord est une chaîne dirigée nord-sud, taillée à pic du côté de l’ouest, ayant une large coupure qui livre passage à la rivière Djamarango. Le troisième groupe, le morne Loucoubé, situé au sud, est un pic granitique haut de 600 mètres, profondément raviné

  1. On citait seulement quelques remarques du célèbre géologue anglais Buckland, suggérées par des échantillons de roches recueillis au port Louquez. — Notice on the geological structure of a part of the island Madagascar, — Transactions of the geological Society, London, t. V, p. 478.
  2. Annales des Mines, 5e série, t. VI, p. 570 ; 1854.
  3. Essai sur la géologie de Nossi-Bé, par le docteur J.-F. Herland, chirurgien de la marine. — Annales des Mines, 5e série, t. VIII, 1856.