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législative, où il a réussi à s’insinuer. L’ayant installé une bonne fois sur le banc du haut duquel il jure, verre en main, d’être fidèle à l’aigle américaine, l’auteur s’amuse à nous présenter par la même occasion quelques orateurs yankees et à souligner plaisamment les fautes, les inconséquences de la grande république. C’est peut-être la partie de son œuvre où il répand le plus d’humour ; cependant nous nous intéressons davantage à la partie épique, à laquelle les désastres de la France ont prêté un renouveau d’actualité. La guerre civile a éclaté, les prouesses de Breitmann commencent dans le Maryland, Inutile d’assaisonner de l’accent désagréable que chacun connaît, et dont le caractère principal est la confusion des consonnes douces et des consonnes dures, ce texte assez curieux par lui-même : « Breitmann et sa compagnie sont partis pour le Maryland. — Il n’y a rien à boire dans ce pays-ci. — Ma gorge est sèche comme le sable. — La cantine est maigre, mon sac est léger, — Si je trouvais de la bière, j’en boirais jusqu’à éclater. Gling, glang, gloria, — je boirais jusqu’à éclater.

« Le lieutenant prend une douzaine d’hommes et bat la campagne ; — le sergent fourrage partout jusqu’à ce qu’il ait découvert quelque chose de bon. — Tonnerre de Dieu ! pillez, braves gens ! — vous n’avez pas bu depuis quinze heures ! — Si je trouvais de la bière, j’en boirais jusqu’à éclater. — « Gling, glang, gloria, etc….

« A minuit retentit dans le camp — le galop des chevaux : — Alerte ! debout ! — Monsieur le capitaine, nos éclaireurs ont trouvé une ville rebelle — avec une taverne rebelle près d’ici, — et une cave rebelle pleine de bière rebelle. — Gling, glang, gloria, etc…

« Breitmann jure : Gottsdonnerkreazschocksckwerenoth ! — Comme il bondit ! — Ach ! que je voie cette bière ! — Ach ! que je lui donne l’assaut ! — Où est mon sabre fidèle, — où est mon bon cheval de guerre ? — Pour un quartaut de bière, — je verserais une mer de sang. — Gling, glang, gloria, etc…

« Cinq cents rebelles tiennent la ville, — nous ne sommes que cent, — mais qu’importe quand on a soif à ce point ? — Ils s’élancent, ils écrasent tout sur leur passage, — rapides comme la foudre ou comme le chasseur noir — quand il mène sa chasse sauvage au milieu des éclairs. — Gling, glang, gloria, etc.

« A droite, à gauche, défilent en fuyant les montagnes, les arbres et les haies ; — à droite, à gauche, les Allemands défilent à fond de train — sur le pont, et où il n’y a pas de pont, — ils se précipitent à la nage. — Ruisselante sous un rayon de lune, — la cavalerie va toujours tout droit. — Gling, glang, gloria, — la cavalerie de Breitmann !

« Ils courent sans se soucier d’être secs ou trempés, — chevaux