Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/843

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
HUMORISTES AMERICAINS

II.
ARTEMUS WARD. — JOSH BILLINGS. — HANS BREITMANN.

Lorsque M. Ampère, au retour de sa Promenade en Amérique, déclarait que la littérature des États-Unis n’était, à proprement parler, ni américaine ni démocratique, il ne tenait pas compte des humoristes. Les yeux fixés sur les écrivains de premier mérite, Prescott et Bryant, Emerson et Longfellow, Hawthorne et Washington Irving, dont les talens divers procèdent certainement des littératures européennes, et que la littérature anglaise en particulier pourrait revendiquer, bien qu’ils se soient inspirés de l’histoire et des mœurs de leur patrie, l’éminent voyageur ne consentait pas à mettre au rang des écrivains ceux qui travaillent à l’amusement des masses. De ce groupe dédaigné devaient cependant surgir les poètes et les prosateurs absolument américains qu’il cherchait ailleurs sans les trouver.

Les premiers humoristes ne furent point des écrivains, et n’en briguèrent même pas le nom ; ils se perdent parmi la populace, dans la foule où fleurit le slang, cette langue des rues qui exprime des idées, des habitudes, des goûts propres à ceux qui l’ont créée, — souvent avec assez de bonheur pour que le langage plus élevé lui fasse des emprunts. Les humoristes de cette trempe foisonnent dans toutes les parties des États-Unis, mais surtout dans les régions de l’ouest. L’éditeur d’Artemus Ward nous par le d’un