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ont été modifiées ; il ne suffit plus d’avoir été admis à la sainte cène et de déclarer qu’on observe le culte, il faut encore « adhérer à la vérité révélée dans les saintes Écritures. » Cette formule n’a pu passer sans un vif débat ; la gauche y voyait avec raison un résumé de la profession de foi, bien qu’elle se soit efforcée de lui donner plus tard un sens élastique.

Les laïques, appelés comme anciens à participer au gouvernement de l’église, sont assujettis à la même déclaration. On n’a pas osé leur demander d’adhérer à la profession de foi de l’église telle qu’on l’avait votée. Il s’agissait de savoir si on l’imposerait aux pasteurs. M. le pasteur Cambefort en fit la proposition formelle. La fraction orthodoxe se contenta de réclamer cette adhésion des nouveaux pasteurs pour respecter les positions acquises et éviter toute rétroactivité. C’est à l’occasion de cette proposition que se livra la troisième bataille du synode. On retrouve dans ce débat, qui eut lieu les vendredi et samedi 5 et 6 juillet, les mêmes orateurs et les mêmes argumens que dans les luttes précédentes ; seulement les armes ont été de nouveau fourbies et même aiguisées : on passait de la théorie à la pratique. Droite, gauche, centre gauche, chaque parti déploie toutes ses ressources.

La gauche fait observer qu’en l’empêchant de se recruter on la frappe directement. Quelle position d’ailleurs fait-on au jeune pasteur ? On le transforme en hypocrite, ou bien on en fait l’organe passif d’une tradition morte. Les laïques libéraux, par la bouche de M. Planchon et de M. Denfert, se plaignent de se voir ainsi enlever leurs guides naturels dans la crise théologique du temps. Le tiers-parti revient à la charge avec M. Jalabert, il prétend que l'adhésion à une profession de foi est un acte contraire à l’esprit du protestantisme, d’autant plus que cette déclaration peut être modifiée d’un synode à l’autre ; on doit se contenter de la piété des candidats en leur interdisant simplement d’attaquer la profession de foi. A leur tour, les orthodoxes protestent contre cette idée, que l’on manque au véritable esprit de la réforme en adhérant à une doctrine. Les églises ne peuvent être livrées sans conditions à tout bachelier en théologie. « Le duc de Guise demandait un jour à un ministre de la religion nouvelle à quelle séduction il obéissait en prêchant les doctrines de la réforme. — C’est la parole de Dieu qui m’a séduit, répondit le ministre. — C’est aussi notre réponse, dit M. le pasteur Lasserre ; nous avons reconnu et saisi par le cœur et l’intelligence cette grande doctrine chrétienne, que nous ne pouvons séparer du surnaturel et de la rédemption. C’est à elle seule que nous consentons à ouvrir nos chaires. » M. Delmas, toujours prêt à la riposte et à l’anecdote, rappela ce mot d’un pasteur radical à qui il demandait s’il irait jusqu’au bout dans la voie de la liberté illimitée de