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combattus avec succès par des moyens analogues. Cette terrible maladie, la plus redoutable des complications chirurgicales, est due à une inflammation aiguë de la moelle épinière. Il en résulte une altération des nerfs moteurs telle que tous les muscles du corps éprouvent une contracture générale, une raideur douloureuse qui gagne peu à peu les organes les plus essentiels à la vie. Quand les muscles de la poitrine et du cœur arrivent à être saisis de cette manière, la mort a lieu par asphyxie. Or le courant continu tend à rétablir ici l’état normal des nerfs moteurs. Deux autres maladies chroniques de la moelle, dont la première surtout est bien grave, l’atrophie musculaire progressive et l’ataxie locomotrice, cèdent souvent à l’emploi rationnel de l’électricité ou du moins sont enrayées dans leur progrès, dont l’issue naturelle est la mort. Il est intéressant de noter que ces deux maladies ont été découvertes et caractérisées par M. Duchenne (de Boulogne) dans le cours de ses recherches électrothérapiques. L’électricité lui a servi en ce cas de moyen de diagnostic, comme elle sert de moyen d’étude pour la physiologie, où elle représente en quelque sorte un réactif capable de déceler des différences fonctionnelles qu’aucun autre procédé n’eût révélées. Elle seule, d’après la manière dont elle affecte un nerf ou un muscle, permet, dans certaines circonstances, de décider de la nature et même du degré de l’altération des ressorts de ce nerf ou de ce muscle.

Aldini disait que le galvanisme offre un moyen puissant pour remettre en action la vitalité suspendue par une cause quelconque. Plusieurs médecins, au commencement de ce siècle, firent revivre ainsi des chiens plongés pendant un certain temps au fond de l’eau et qu’on en avait retirés avec toute l’apparence de la mort. Halle et Sue proposèrent à cette époque de mettre des appareils galvaniques dans les différens quartiers de Paris, surtout au voisinage de la Seine. Cette mesure si sage et si utile n’a pas encore reçu d’exécution, bien que toutes les expériences exécutées depuis lors aient démontré de plus en plus l’efficacité de l’électricité contre l’asphyxie et la syncope produites soit par l’eau, soit par les gaz délétères. Le courant de la pile rétablit aussi les mouvemens respiratoires dans les cas d’empoisonnement par l’éther et le chloroforme, et à un instant où tout espoir de résurrection semble perdu. Les chirurgiens qui connaissent cette propriété se la rappellent lorsque la chloroformisation leur paraît périlleuse pour le malade qui y est soumis.

L’électricité se transforme en chaleur très facilement. Quand on fait passer un courant intense dans un fil métallique très court, celui-ci s’échauffe, rougit, et, dans certains cas, se réduit en vapeur. Cette propriété a été mise à profit par les chirurgiens pour l’ablation