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d’électrisation sont encore aujourd’hui controversées. Elles ne s’appuient du reste, il faut bien le dire, sur aucune certitude expérimentale ; peut-être vaut-il mieux recourir, pour l’explication générale de ces difficultés, aux idées développées par Matteucci. Cet illustre expérimentateur opposait aux théories allemandes sur les vertus électrotoniques des nerfs les phénomènes évidens de l’électrolyse, c’est-à-dire les décompositions chimiques opérées par les courans. Il pensait que les modifications dans l’excitabilité nerveuse déterminées par le passage de l’électricité tiennent aux acides et aux alcalis provenant du dédoublement des sels contenus dans les tissus animaux. On peut ajouter à ce premier ordre de phénomènes les courans électro-capillaires découverts récemment par M. Becquerel. C’est là qu’il convient de chercher les causes profondes du mécanisme complexe et encore si obscur de ce conflit de l’électricité et de la vie.

Les effets de l’électricité sur les plantes ont été moins bien étudiés, Les expériences faites à ce sujet ne sont ni assez nombreuses, ni assez rigoureuses. On sait que l’électricité détermine des contractions chez les différentes espèces de mimosa et surtout chez la sensitive, qu’elle ralentit le mouvement de la sève dans la cellule du chara, etc. M. Becquerel en a étudié l’action sur la germination et le développement des végétaux. L’électricité décompose les sels contenus dans la graine, transporte les élémens acides au pôle positif, et les parties alcalines au pôle négatif. Or les premiers nuisent à la végétation, tandis que les dernières la favorisent. Tout récemment, le même expérimentateur a exécuté une série de recherches concernant l’influence de l’électricité sur les couleurs des végétaux. Il s’est servi des fortes décharges qu’on obtient avec les machines à frottement, et il a observé ainsi des changemens de couleur assez remarquables, dus la plupart du temps à la rupture des cellules qui contiennent la matière colorante des pétales. Celle-ci, débarrassée de son enveloppe cellulaire, disparaît par un simple lavage à l’eau, et la fleur devient presque blanche. Dans les feuilles qui présentent deux faces de nuance différente, comme celle du begonia discolor, M. Becquerel a constaté une sorte de transport réciproque des couleurs d’une face à l’autre.


II

Les phénomènes physiologiques dont il vient d’être question sont généralement confondus dans les livres avec les faits d’électrothérapie. On a cru nécessaire ici de les en distinguer. La vraie méthode est d’expliquer d’abord les phénomènes qui s’accomplissent