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éloigné aujourd’hui de croire, d’après des analogies constatées dans les idiomes, qu’ils pourraient avoir une origine polynésienne. Suivant une opinion fortement enracinée dans le pays, les aborigènes de l’île seraient les Vazimbas, dont le souvenir n’est rappelé que par des tombeaux d’une construction particulière existant encore sur des montagnes de la province d’Imerina. Les Sakalaves, au dernier siècle les plus puissans parmi les Malgaches, occupent le nord et presque toute la partie occidentale de la Grande-Terre. Ce sont des nègres aux cheveux longs et néanmoins crépus, ayant une assez belle prestance, une grande vigueur de corps, une remarquable énergie de caractère. Les Betsilos, qui ont eu peu de rapports avec les étrangers, sont en général de petite taille, avec le teint bronzé, les lèvres épaisses, les cheveux longs et frisés. Ils se rapprochent beaucoup des Ovas par l’aspect physique, sans en avoir le caractère ; livrés surtout aux paisibles travaux de l’agriculture, les Betsileos ne paraissent nullement enclins à guerroyer. Les Betsimisarakes et les Bétanimènes, peuples de la côte orientale, sont des nègres de médiocre stature ; on les considère comme appartenant à une race inférieure aux autres à raison de l’intelligence et dessentimens. Entre ces diverses races, les mélanges ont été sans nombre, et les Arabes établis sur plusieurs points de l’île ont encore contribué à faire de la population de Madagascar l’ensemble le plus varié qu’on puisse rencontrer sur un espace circonscrit du globe.

En présence des élémens si dissemblables qui composent cette population, on s’étonne de trouver dans l’île entière la même langue, les mêmes coutumes, les mêmes superstitions. N’y a-t-il pas dans ce fait l’indice d’une domination autrefois exercée d’une manière générale ? Si cette domination a existé, la trace en est perdue ; les premiers Européens qui visitèrent la grande île africaine n’ont rencontré que des peuplades obéissant à dès chefs indépendans. Néanmoins le respect pour les croyances des ancêtres est égal chez les hommes de ces races si distinctes. La division de l’année en douze lunes est partout adoptée ; seuls les noms diffèrent sur la côte et dans l’intérieur ; des jours propices et des jours néfastes sont reconnus dans chaque province. Du nord au sud, l’idiome ne présente que de simples nuances ; les usages, d’une surprenante uniformité, sont à peine marqués d’une région à l’autre par de petits détails particuliers.

Ainsi les missionnaires qui ont vécu parmi les Ovas nous entretiennent de mœurs, de pratiques déjà signalées dans les narrations de Flacourt et des anciens voyageurs sur les Malgaches du sud et de la côte orientale. Dans la province d’Imerina, la naissance d’un enfant, événement très fêté par les familles, est toujours l’objet d’une consultation près des devins, — il faut savoir la destinée de l’être