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de montagnes superbes. Sur la côte de la Grande-Terre, ajoute-t-il, la variété n’est pas moins remarquable : c’est une succession de baies profondes et de passages qui la plupart peuvent être considérés comme d’excellens ports. On se dirige enfin sur l’archipel Minow ou plutôt Mitsiou, curieux, assemblage d’îles, de roches perpendiculaires, d’amas de coraux. La plus importante de ces îles, la grande Minow de la carte du capitaine Owen, la Nossi-Mitsiou des Malgaches, est d’une configuration toute singulière ; les navigateurs la comparent aux branches ouvertes d’un compas. A l’exception de deux ou trois groupes de coraux assez bas, ces petites îles sont hautes et constituées par des colonnes de basalte, droites ou courbées, formant la plupart des précipices et des pointes les plus hardies. Particulièrement au nord de la grande Mitsiou, plusieurs de ces colonnes ont un caractère, tout à fait imposant ; droites, élancées, longues de près de 20 mètres, avec des pans au nombre de quatre à six, elles s’adaptent si bien les unes aux autres que l’assemblage se présente comme une masse compacte. La dernière reconnaissance fut celle des îlots voisins du cap Saint-Sébastien. Les officiers détachés pour accomplir ces derniers travaux quittèrent Madagascar, afin de rejoindre à l’île Mombas les divers membres de l’expédition du capitaine Owen qui allait continuer les opérations scientifiques dans d’autres parages. Une œuvre de haute importance pour la géographie physique venait d’être exécutée ; pour la première fois, les contours de la Grande-Terre malgache et la position de la plupart des petites îles voisines se trouvaient tracés avec exactitude. En s’attachant à réaliser dans la science un progrès considérable, l’Angleterre montrait de tous côtés son pavillon aux peuples barbares, tandis qu’elle usait des ressources de la diplomatie pour accroître son influence politique et ouvrir de nouveaux débouchés au commerce.


III

Un instant, les colons et les résidens français s’attendirent à voir la puissance de Radama ébranlée. En 1825, deux révoltes éclatèrent contre les Ovas : l’une, chez les Betsimisarakes de Foulepointe, assez maladroitement suscitée par le gouverneur de Sainte-Marie, — l’autre, près du fort Dauphin, parmi les Antanosses. La première insurrection fut aussitôt réprimée ; la seconde mit en péril l’armée des Ovas, — le général dut solliciter l’intervention du gouverneur de l’île Bourbon pour faire parvenir des lettres à Radama et à Jean René. Se trouvant dans l’impossibilité de mettre à profit les circonstances, M. de Freycinet voulut paraître généreux ; il rendit