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cinquante jours sereins et secs, vingt-deux jours pluvieux, les autres incertains et variables ; la plus forte chaleur, constatée le 5 septembre, a été environ 28 degrés centigrades ; la plus faible, le 5 août, 17 degrés centigrades. La croyance dans l’uniformité complète de la langue malgache sur toute l’étendue de la grande île s’est fort accréditée ; M. Albrand s’attache à montrer l’erreur. Les gens du sud et du nord, dit-il, ont une prononciation assez différente, et parmi les mots les plus usuels beaucoup sont particuliers à certaines provinces.

Sur ce territoire d’Anossi, dans les ruines de ce fort Dauphin tant de fois habité par nos compatriotes, se trouvait installé un petit poste français ne songeant guère sans doute qu’on s’occupait de sa présence jusqu’à Tananarive, jusqu’à Maurice, peut-être même jusqu’à Londres ; le poste se composait de 5 hommes commandés par 1 officier. Au mois de février 1825 apparut dans le voisinage une armée de 4,000 Ovas ; le général avertit l’officier français qu’il venait, par l’ordre de Radama, prendre possession du fort Dauphin. La prétention repoussée, on convint de part et d’autre d’attendre deux mois avant de faire aucun acte d’hostilité, afin de laisser au commandant du fort le temps nécessaire pour recevoir des ordres du gouverneur de l’île Bourbon ; mais on n’attendit pas. Le 14 mars, les Ovas se ruèrent sur la place ; le pavillon français fut arraché. Le gouverneur de Bourbon, ne disposant que de forces insignifiantes, dut renoncer à tirer vengeance de cette insulte. Jamais encore Radama ne s’était occupé de la partie méridionale de la Grande-Terre ; les instigateurs de l’agression étaient faciles à découvrir : des avantages pour le commerce et pour la construction des navires ne tardèrent pas à être généreusement donnés à la nation anglaise.

Tandis que Madagascar était le théâtre de luttes de tout genre, l’intérêt scientifique s’éveillait ; deux botanistes allemands qui résidaient à Maurice, MM. Bojer et Helsinberg, étaient venus dès l’année 1822 se livrer à des recherches sur la grande île africaine. A la même époque paraissait à Londres un ouvrage relatif à l’histoire de ce pays, à ses habitans, à ses productions naturelles[1]. Une expédition sous le commandement du capitaine Owen était chargée de poursuivre la reconnaissance hydrographique des rivages les moins connus de l’Afrique, de tenter l’exploration de la partie nord de Madagascar, « où il est certain que les naturels sont favorables aux Anglais et où le bétail se trouve en grande

  1. Copland, History of the island of Madagascar, comprising a political account of the island, religion, manners, etc., of its inhabitants and its natural productions. 1822.