Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 100.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des cruches de terre contiennent les huiles destinées à oindre le corps et la chevelure. Il y a une certaine quantité d’ustensiles de ménage : ce sont des vases de terre, des plats et des cuillers de bois, des calebasses pour puiser de l’eau, de grandes cruches pour la fabrication du vin de miel, des mortiers et des plats de bois pour battre et canner le riz, des couteaux de forme et de dimension très variées. Les nappes et les serviettes sont d’énormes feuilles de bananier ou de balisier (l’arbre du voyageur), d’un vert si beau et d’un brillant si joli que l’effet est vraiment agréable. Avec des morceaux dei feuilles pliées en cornet, on façonne encore des cuillers et des tasses ; de pareils ustensiles, on le pense bien, se renouvellent à chaque repas. Des magasins pour le riz sont élevés sur des piliers, afin de les soustraire à la visite des rongeurs.

Si les habitans de Madagascar s’inquiètent peu de l’élégance des habitations, ils ne dédaignent pas la parure du corps. Le vêtement des hommes est le pagne tenu par une ceinture, ou le lamba, qui se drape avec quelque grâce. Le costume des femmes se compose du pagne et d’un corsage sans manches. Les étoffes sont faites de soie ou de coton pour les gens de qualité, de fibre d’écorce ayant l’apparence du chanvre ou du lin pour les esclaves. Aux jours de cérémonie, des nobles portent un pagne de coton orné d’une large bordure de soie blanche rayée de noir et de lisières, les unes de coton noir, les autres de soie rouge. L’idée de la chaussure n’est venue à personne ; les plus grands personnages et les princesses ne craignent pas d’exposer leurs pieds aux aspérités du chemin. Une coiffure n’est en usage que dans peu de districts : hommes et femmes ne se distinguent en aucune façon par l’arrangement des cheveux ; les nobles les laissent pendre longs et droits, les couvrent d’huile et les raidissent avec de la cire, les nègres les tressent avec un certain soin. Comme chez la plupart des peuples primitifs, les hommes aussi bien que les femmes aiment les ornemens. « Sans colliers et verroteries, ces gens-là, disait Flacourt, ont mauvaise grâce ; mais, lorsqu’ils sont parés à leurs modes, ils ont assez bonne façon. » Colliers à plusieurs tours, bracelets aux poignets, aux bras, aux jambes, sont faits de grains d’or, de cuivre, de cristal de roche, et souvent, depuis l’arrivée des Européens, de corail et de verroteries ; les pendans d’oreilles sont en bois, en corne, quelquefois en or. On a remarqué des parures qui témoignent d’un goût assez raffiné : des lames minces du métal précieux appliquées sur des morceaux de coquille nacrée. Les objets en or ne sont permis qu’aux grands personnages.

Ainsi qu’on a déjà pu s’en convaincre par les observations qui ont été l’apportées, les habitans de Madagascar profitent beaucoup des abondantes ressources naturelles du pays. Les racines, les fruits,