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de 88 en 5 pour 100, ne fut pas entièrement souscrit ; il ne produisit que 225 millions de francs, auxquels s’ajoutèrent 165 millions en bons du trésor. Ainsi ce premier appel au crédit ne fournit à l’Allemagne que 390 millions sur les 450 qu’elle demandait. Par une seconde loi, en date du 29 novembre 1870, alors que la victoire paraissait décidée en faveur de l’Allemagne, le gouvernement fut autorisé à se procurer une somme de 375 millions de francs par une nouvelle émission de bons du trésor. Une troisième loi, votée le 26 avril 1871, ouvrit un crédit supplémentaire de 450 millions, mais elle ne fut point exécutée ; dès ce moment la France commençait à payer sa rançon. En résumé, les sommes versées au budget de la guerre en dehors des ressources ordinaires et provenant soit de l’emprunt, soit de l’émission des bons du trésor, se sont élevées à 765 millions de francs. D’un autre côté, les frais extraordinaires de guerre, depuis le commencement des hostilités jusqu’à la fin de 1871, ont présenté un total de 1 milliard 420 millions. L’excédant des dépenses sur les recettes de ce budget spécial a donc été de 655 millions, déficit qui était comblé successivement par les indemnités de la France et qui n’a donné lieu à aucun embarras financier.

Les profits pécuniaires que l’Allemagne a retirés de la campagne comprennent l’indemnité de 5 milliards, les intérêts de cette somme jusqu’au 3 mars 1872, soit 150 millions, la contribution de 200 millions imposée à la ville de Paris, et 55 millions en contributions de guerre levées dans les départemens ; c’est un total de 5 milliards 405 millions. Comme on a vu plus haut que le montant des dépenses extraordinaires portées au compte de la guerre a été de 1 milliard 420 millions, il s’ensuit que l’Allemagne a réalisé un bénéfice net de près de 4 milliards, sur lesquels les 3 milliards qui font l’objet de la récente convention lui sont encore dus. Il faut y ajouter la somme des intérêts que nous aurons à payer jusqu’à notre complète libération.

Ces ressources ne seront pas gaspillées, elles ont déjà toutes reçu leur destination. Indépendamment de la somme de 325 millions consacrée au rachat d’une partie, de nos chemins de fer de l’Est, un capital considérable a été employé ou est réservé pour de grands travaux, de défense militaire ou d’utilité générale. On a commencé dans les territoires annexés de l’Alsace-Lorraine à faire des dépenses qui doivent s’élever à plus de 150 millions ; l’Allemagne va donner largement à nos malheureux compatriotes des routes, des canaux, des clochers, des hôpitaux et surtout, des forteresses bien armées, On amortira une partie des anciens emprunts ; enfin, après ces prélèvemens, il restera une somme, encore indéterminée, mais