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médecin-général-major (General-stabs-arzt) de l’armée. » Et l’article 2 ajoute : « Le médecin-général d’un corps d’armée[1] dirige l’ensemble des médecins militaires de la circonscription de son corps, quelles que soient les fonctions que ces médecins remplissent dans les corps de troupes, dans les garnisons ou dans les établissemens militaires ; il opère en outre dans sa circonscription le recrutement des médecins militaires. Le médecin principal (Ober-stabs-arzt) le plus ancien de chaque division administre, dans la mesure de cette ordonnance, au quartier-général de garnison en qualité de médecin divisionnaire. »

Pour ce qui regarde le fonctionnement intérieur du corps, l’autonomie est si complète que non-seulement le recrutement du personnel médical, mais aussi les promotions appartiennent, lorsqu’il s’agit des grades inférieurs, aux médecins en chef des corps d’armée, agissant toutefois comme délégués du médecin-général de l’armée ; mais, à partir du grade d’aide-major, la proposition faite par le médecin en chef d’un corps d’armée est transmise par lui au médecin-major-général, et la nomination est signée par le roi.

Unité de direction, mais direction responsable entre les mains des hommes du métier, tel est le principe posé d’abord par les États-Unis pendant la guerre de la sécession, et sur lequel se base la réforme accomplie en Prusse en 1868. La commission nommée à cette époque pour étudier les améliorations suggérées par l’expérience de la guerre de Bohême fut d’avis que tout ce qui était du ressort de la médecine militaire devait former au ministère de la guerre un département distinct en rapport immédiat avec le ministre. Ce département, à la tête duquel serait placé le chef des affaires médicales militaires, devait embrasser tout ce qui concerne le service de santé, les hôpitaux et l’enseignement médical militaire, aussi bien dans les personnes que dans les choses.

Conformément à cet avis, une ordonnance royale rendue le 28 septembre 1868 par le ministre von Roon « institue auprès du ministère de la guerre un département de médecine militaire (Militaer-Médicinal-Abtheilung), à la tête duquel est le médecin-général-major de l’armée. » Les affaires de son ressort sont, d’après l’ordonnance : hygiène militaire, police et statistique sanitaires de l’armée, expertise et arbitrage médical technique dans les questions d’indemnités ou autres concernant les invalides, — approvisionnement de l’armée en matériel médical, en moyens de pansement, en instrumens de chirurgie, — administration des hôpitaux de paix, de guerre et de siège, — règlement des affaires concernant le service de santé, les

  1. Les corps d’armée (armee-corps) prussiens forment une unité plus stable que les nôtres, unité qui comprend environ 30,000 hommes. Le territoire de la confédération du nord était partagé en douze circonscriptions militaires, à chacune desquelles répondait un corps d’armée.