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Le
service de santé
dans les armées nouvelles
observations et souvenirs de la dernière guerre

Les désastres de la dernière campagne n’ont que trop démontré la nécessité d’une réforme de notre système militaire. Aux masses d’hommes que l’empire d’Allemagne peut en quelques jours accumuler sur ses frontières et jeter sur les territoires voisins, nous devons opposer une armée défensive nombreuse, aguerrie, sobre et disciplinée, conduite par des officiers instruits, commandée par des généraux ayant, — à défaut du génie que la Providence accorde seulement à un petit nombre d’élus, — la science que donnent à tout homme intelligent l’expérience et le travail. Si de bonnes institutions, le respect de la loi, le sentiment du devoir, peuvent dans l’avenir assurer la paix publique en réduisant à l’impuissance les ennemis du dedans, l’armée seule peut nous donner la sécurité contre l’ennemi du dehors. L’adoption du service obligatoire pour tous, l’augmentation de l’effectif, les changemens introduits dans les moyens d’attaque et de défense par la portée plus grande des armes de guerre, doivent un jour amener des modifications profondes dans toutes les branches du service militaire. Le service de santé échappe d’autant moins à cette loi qu’il n’était pas besoin des derniers événemens pour montrer combien en était défectueuse l’organisation. Les campagnes de Crimée et d’Italie avaient mis hors de toute contestation la nécessité d’une transformation radicale de la chirurgie militaire ; mais, si la France est le pays où l’on fait le plus volontiers