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il est inférieur à 6 pour 100, et descend presque jusqu’à 3 pour 100 du revenu foncier; mais comme ces chiffres ne sont que des moyennes, non-seulement il se peut, mais il est certain que dans les départemens qui paient 9 pour 100 cette proportion se trouve dépassée dans diverses communes, de même que dans les départemens qui paient 3,74 pour 100 certaines communes sont imposées dans une moindre proportion. Il est donc permis de croire que l’impôt en principal dépasse 10 ou 12 pour 100 du revenu dans certaines communes, et que, dans d’autres, il atteint à peine la proportion de 2 pour 100. » On n’a pas besoin de commenter de pareils faits, ils parlent ou plutôt crient assez haut d’eux-mêmes. Et ils n’épuisent pas ces inégalités presque invraisemblables. Calculez tous les changemens survenus depuis les opérations du cadastre dans les communes correspondant à l’année moyenne 1827; supputez les nouvelles cultures, les chemins de fer créés, les chemins vicinaux ouverts, le développement de la fortune mobilière, qui agit si directement sur la valeur de la propriété foncière, l’extension des villages et des villes, ajoutez-y tout ce que les propriétaires y ont individuellement mis d’inégales dépenses ou d’inégale habileté, vous comprendrez que ces chiffres puissent aller se résoudre dans des inégalités encore plus grandes que celles-là. Ainsi, dans telle commune où le principal de l’impôt est en moyenne de 10 ou 12 pour 100 du revenu, il peut pour certains terrains, par suite de changemens survenus depuis le cadastre, atteindre la proportion de 20 à 24 pour 100, tandis que dans une commune où il n’est en moyenne que de 2 à 3 pour 100, il peut pour certaines terres s’être abaissé à 1 ou 1 1/2 pour 100. Tant mieux, dira-t-on, pour ceux qui jouissent de ces immunités; l’agriculture en profite. On pourrait peut-être tenir un certain compte de ce raisonnement, qui laisse beaucoup à désirer, si avec un tel impôt, établi comme impôt de répartition, les immunités n’étaient pas nécessairement rachetées par des surtaxes. Et avec combien de justesse le fondement de cette répartition, établie d’après des renseignemens de valeur très diverse, surtout par des actes de baux et de ventes, n’a-t-il pas été souvent critiqué! Le cadastre, appliqué seulement à la répartition individuelle, ne saurait y apporter un remède de quelque étendue. Ces opérations cadastrales, extrêmement utiles, quoi qu’on en ait dit, mais très coûteuses aussi (on en a la preuve dans le cadastre actuel, qui a coûté 140 millions), ne sauraient, sans être renouvelées avec une fréquence ruineuse, suivre les variations indéfinies de la valeur du sol. A consulter ces faits, encore une fois bien dignes de remarque, de même qu’à entendre les réclamations que les départemens surtaxés n’ont cessé de faire entendre depuis 1821, il faudrait déclarer