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dans les pays de landes ou de montagnes, qui sont les plus pauvres, et déjà les hameaux qui les composent sont trop éloignés du bourg où se trouvent la mairie, l’église et l’école. C’est par milliers que l’on compte les communes ainsi aménagées. L’indépendance administrative, qui cependant ne leur est pas refusée, leur profite peu; l’autonomie les tuerait.

En résumé, l’autonomie, si emphatiquement proclamée par les doctrinaires de l’insurrection parisienne, ne serait réalisable que dans les grandes villes; mais, ainsi que l’a très justement démontré M. Mazzini, elle aboutirait à l’anéantissement de la nationalité et à la ruine de la patrie. Elle est impraticable dans les communes petites et même moyennes, c’est-à-dire dans la plus grande partie des communes de France. Ici, elle supprimerait tout à la fois la nationalité et la commune. Doctrine fausse et purement déclamatoire, à laquelle les incidens politiques ont prêté un moment quelque vraisemblance, qui a pu invoquer, en les exagérant, certaines critiques dirigées sans études suffisantes contre l’ensemble de notre organisation municipale : voilà pourtant à quoi se réduisaient le mot d’ordre de la commune et le grain de bon sens que M. de Bismarck croyait découvrir dans les sillons sanglans de l’insurrection!


II.

Lorsque l’on accuse les sectaires du radicalisme de détruire la patrie, la famille, la religion et la propriété, quelques-uns se récrient indignés, en accusant eux-mêmes leurs adversaires de tomber dans la déclamation. Le gouvernement de la commune de Paris a tristement simplifié le débat. Ce gouvernement a tenu dans ses mains, pendant deux mois, une grande capitale. Il a eu le champ libre et la place nette ; il ne s’est pas contenté d’afficher des proclamations ; il a rendu des décrets et les a fait exécuter. Il a donc, autant que cela dépendait de lui, mis en pratique ses principes et sa morale. Il ne peut plus désavouer les actes d’après lesquels il est aujourd’hui permis de juger ses doctrines.

Ainsi, dans le programme de la commune, la patrie n’existe plus; elle est remplacée par la « république universelle. » — A la suite des élections. du 26 mars, la commune est appelée à examiner si l’élection d’un étranger est valable, et elle se prononce pour l’affirmative en déclarant que « le drapeau de la commune est celui de la république universelle. » — Le 10 avril, la garde nationale ayant manifesté du mécontentement et de l’inquiétude par suite de la nomination d’un Polonais au commandement de la place de Paris,