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damnation d’Eutychès avait été rendue fort inexactement. Les notaires s’excusèrent en rejetant la faute sur le désordre de l’assemblée et le bruit qui les empêchait d’entendre. Toutefois, au sortir du baptistère, un d’entre eux, le prêtre Astérius, celui-là même qui avait lu la sentence de condamnation, prit à part le référendaire Macédonius pour lui dire, à la décharge de sa responsabilité, que les notaires avaient altéré les actes malgré lui. Comme la séance de la commission était levée, Macédonius courut faire sa déposition chez le juge civil.

Deux points se dégageaient de la plainte d’Eutychès comme les plus considérables de tous : 1o le refus de l’archevêque-président de recevoir l’appel de l’accusé, interjeté par écrit d’abord, puis verbalement, en face de l’assemblée ; 2o la sentence de condamnation formulée avant le vote du concile et même avant la comparution du prévenu.

Sur le premier point, les procureurs de l’archimandrite, ne pouvant prouver qu’il eût essayé de remettre son libelle d’appel au président, n’en parlèrent point ; mais l’un d’eux, le moine Constantin, affirma avoir entendu l’appel verbal pendant qu’on lisait la condamnation. Les membres du concile siégeant à la commission déclarèrent qu’ils n’avaient rien entendu, et Flavien répéta ce qu’il avait toujours dit, à savoir que la résolution d’Eutychès ne lui avait été connue que par le rapport du patrice Florentins, lorsque, la séance étant déjà levée, il regagnait par un escalier de communication les appartemens de l’évêché.

Sur le second point existait un témoignage important, celui du silentiaire Magnus, lequel déclarait avoir vu la sentence aux mains d’un clerc de l’archevêque avant l’entrée d’Eutychès dans la salle du concile, et avoir entendu dire que l’accusé était condamné d’avance. Magnus avait tenu ce propos à plusieurs personnes. Le témoignage était grave, le fait encore davantage : la commission d’enquête refusa d’examiner l’affaire, y voyant une application du droit canonique qui dépassait sa compétence et devait être renvoyée à l’appréciation du concile œcuménique. Toutefois le silentiaire Magnus, dans l’intérêt de sa dignité, fit affirmer son témoignage par le maître des offices Aréobinde.

L’enquête finie, le procès-verbal fut joint aux pièces du concile. Il résultait du travail de la commission que Flavien n’avait trempé dans aucune falsification, que les altérations de fait constatées n’avaient point eu pour but de nuire à l’accusé, qu’elles étaient nombreuses cependant, et constituaient des inexactitudes regrettables.

Les préliminaires du concile se terminèrent ainsi dans la seconde semaine d’avril 449, et déjà un décret impérial du 13 mars précédent avait fixé la réunion de l’assemblée pour le 1er août dans la