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lesquelles ils sont probablement très nécessaires. Comment y suppléera-t-on? De même pour ceux qu’attirerait le placement de bons à intérêt, sans compter qu’on modifierait ainsi le caractère d’une institution qui ne doit pas créer d’autre papier que le billet au porteur. On parle comme s’il y avait quelque part des capitaux en réserve qui n’attendent que l’appel de la Banque de France pour se montrer. Il n’y en a pas, ou, s’il y en a, ils tiennent à rester inactifs, et tout ce qu’on tenterait pour modifier la situation ne ferait qu’opérer les déplacemens, qu’apporter des troubles dans les relations.

On a indiqué enfin pour résoudre les difficultés la création et la multiplication de petites coupures. On suppose que, si on avait des billets de 5 francs et un plus grand nombre de ceux de 20 francs, les besoins de la circulation seraient mieux satisfaits avec une somme égale de papier fiduciaire. Les billets de 500 et de 1,000 fr. restent, dit-on, dans les portefeuilles, ne circulent pas et grossissent sans utilité le chiffre du papier émis. Il y a dans cette assertion une part de vérité. Du moment que les métaux précieux disparaissent de la circulation, les petites coupures sont en effet plus utiles que les grosses pour les remplacer; mais il ne faut pas croire que celles-ci rentreraient par cela même à la Banque. Si elles n’y rentrent pas dès aujourd’hui, c’est qu’elles ont leur place dans le mouvement des affaires. Les petits billets qu’on créerait, qu’on a même déjà créés, rendront sans doute les petites transactions plus faciles ; mais ils viendront en grande partie s’ajouter au papier fiduciaire qui existe déjà et en accroître la quantité, là est le péril. Ils feront disparaître aussi la dernière pièce de 5 francs de la circulation. En Italie, en Autriche, il y a de très petites coupures, des billets de 1 florin et de 1 franc. Les transactions sont aisées, grâce à ce moyen, mais le papier perd 15 pour 100 en Autriche, 6 pour 100 en Italie, et on ne voit dans ces pays aucune espèce de monnaie métallique. Il faut donc être très circonspect dans l’usage des petits billets, car c’est un nouveau moyen d’étendre le papier-monnaie.


IV.

Il n’y a que deux procédés efficaces, non pas pour se tirer d’embarras du jour au lendemain, si la crise est sérieuse, mais pour empêcher au moins qu’elle ne s’aggrave, et amener tout doucement une situation meilleure : c’est d’une part le triage des bordereaux qui sont présentés à la Banque pour l’escompte, le rejet de ceux qui ont un caractère de spéculations douteuses, — il doit y en