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LA
BANOUE DE FRANCE
ET
LA CRISE MONETAIRE

En étudiant tous les élémens qui ont concouru à la défense du pays pendant la malheureuse guerre que nous venons de subir, on trouve qu’aucun pour ainsi dire n’a donné les résultats qu’on attendait. L’armée a été mal commandée, l’intendance mal préparée, le matériel insuffisant; les chemins de fer eux-mêmes n’ont pas rendu tous les services qu’on pouvait espérer[1]. Partout il y a eu des vices d’organisation dont on s’est aperçu trop tard ; une seule institution a été à la hauteur des circonstances, c’est la Banque de France. Cet établissement a joué un rôle considérable pendant la guerre, il a supporté à lui seul presque toutes les charges financières. Il a dû avancer successivement à l’état 1 milliard 350 millions, prêter son concours à différens établissemens de crédit qui eussent été fort embarrassés sans cette assistance, et il a pu malgré cela continuer encore ses opérations d’escompte sur une échelle assez large. La circulation fiduciaire, portée, grâce au cours forcé, à environ 2 milliards avec une encaisse de 500 millions, a toujours été acceptée au pair, même au milieu de nos désastres; elle n’a commencé à perdre 1 1/2 ou 2 pour 100 que depuis très peu de temps, lorsqu’elle s’est élevée à 2 milliards 300 millions, et qu’on a eu des besoins particuliers de numéraire pour l’envoyer au dehors. On n’aurait jamais osé compter sur un pareil succès. En 1866, lorsque l’Autriche fut obligée pour soutenir sa guerre contre la Prusse d’emprunter 300 millions de florins en papier à la Banque de Vienne, ce papier perdit immédiatement 30 pour 100, et cependant la circulation non

  1. Voyez l’étude de M. Ch. Lavollée dans la Revue du 15 octobre dernier.