inférieurs de s’adapter à plus d’une fonction et d’en remplir successivement ou simultanément le rôle. L’existence des organismes les plus élevés se passe à élaborer dans la phase embryonnaire, à développer dans celle de l’enfance, à conserver ensuite pendant une certaine durée les parties de leur corps, dont la position relative et les fonctions se maintiennent à peu près les mêmes de la naissance à la mort. Pour rencontrer plus d’un état à partir de la naissance, il faut, chez les vertébrés, descendre jusqu’aux batraciens. Les états transitoires se prononcent et se multiplient lorsque l’on continue à descendre. Les insectes passent le plus ordinairement par quatre périodes : au sortir de l’œuf, ils sont larve, puis nymphe, et en dernier lieu insecte parfait. Dans ce dernier état seulement, ils deviennent capables de se reproduire ; mais d’autres êtres, soit animaux, soit végétaux, possèdent la faculté singulière de maintenir par la propagation une de ces phases, susceptible dès lors de devenir permanente pour une ou plusieurs générations. C’est là le phénomène de la génération alternante, et c’est aussi par là que l’on explique l’oïdium ou maladie de la vigne. Cette production parasite constitue, à ce qu’il paraît, l’état particulier d’un champignon inférieur qui en présente plusieurs et peut les revêtir tour à tour. Il a suffi que la forme sous laquelle ce champignon attaque la vigne ait rencontré des circonstances exceptionnellement favorables à son développement pour qu’elle ait persisté plusieurs années en occasionnant les ravages que l’on connaît.
Chez les êtres les plus inférieurs, l’adaptation à un genre de vie déterminé est vague, multiple, nullement arrêtée ni exclusive. La vie se scinde en une succession d’états partiels, et la personnalité de l’individu s’amoindrit plus ou moins. À mesure que l’on s’élève vers des types déjà moins imparfaits, un mouvement inverse tend à faire prévaloir un des états sur tous les autres, en sorte que ceux-ci, plus ou moins subordonnés au premier, qui garde seul le privilége de la fécondité, en sont seulement les prodromes, et y aboutissent comme à un dénoûment inévitable. Les états successifs que traversent les types inférieurs, et qui représentent pour eux un moyen de perfectionnement relatif, sont rapidement franchis par les types les plus élevés de chaque série et relégués chez eux soit dans la vie embryonnaire, soit dans la première enfance. Pour les types intermédiaires, la métamorphose abrége la lenteur des mutations graduées en provoquant une crise physiologique soudaine et générale. Ce sont, à proprement parler, les procédés du développement embryonnaire appliques à une autre période de l’existence. C’est par l’effet d’un phénomène analogue que beaucoup d’animaux perdent de bonne heure la faculté de se mouvoir en se fixant au fond des eaux ; l’état d’immobilité, qui se prolonge chez eux de manière