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LA
NAISSANCE DE LA VIE
SUR LE GLOBE

LES PREMIERS ORGANISMES TERRESTRES.

La vie est le plus merveilleux comme le plus incompréhensible des phénomènes. Non-seulement elle se produit sous des aspects infiniment variés, mais elle réside à la fois en nous et au dehors de nous. C’est d’elle qu’émane la pensée, et cependant cette même pensée la considère comme un ressort caché dont elle scrute curieusement les rouages ; la vie est donc un phénomène objectif au même titre que ceux du monde extérieur. Comme l’espace, comme la durée, comme la gravitation, la vie est illimitée dans les effets dont on peut la croire susceptible ; elle offre pourtant cette particularité que, loin de se suffire à elle-même, elle doit forcément détourner à son usage des élémens étrangers et en tirer les conditions de sa propre existence. La vie enfin est contingente : elle ne se réalise que sous l’empire de circonstances déterminées, mais on ne saurait affirmer qu’elle soit une conséquence nécessaire de ces circonstances ; il est certain au contraire que la vie ne s’est pas toujours montrée sur notre globe, de même qu’elle peut cesser un jour de s’y maintenir. Il faut remarquer encore que, loin d’avoir été toujours semblable à elle-même, la vie est essentiellement complexe, évolutive et progressive. Elle s’est déroulée dans une direction et suivant un ordre constans ; elle marche vers un but dont le terme nous est inconnu, et tend à s’éloigner de plus en plus de ce qu’elle