graves. C’est aux décrets du 22 janvier 1852, c’est à ce retour à la confiscation, auquel Louis-Napoléon s’est en vain efforcé d’enlever son vrai nom, que sont consacrées les pages qui vont suivre.
La France avait connu la confiscation audacieuse marchant le front levé; son nom seul rappelait les passions diverses qui l’avaient dictée, — les luttes féodales, le fanatisme religieux, l’orgueil et l’ambition sous toutes les formes comme dans l’ancien régime, — la lutte furieuse, le fanatisme politique, la réaction aveugle et forcenée comme dans notre première révolution. Il était donné à notre époque de connaître une autre sorte de confiscation; celle-ci a l’aspect calme, on peut lire à peine sur son front la passion qui l’a fait naître. Elle est un calcul plus encore qu’une passion; aussi n’a-t-elle pas besoin pour se produire de la complicité des agitations populaires; enfin on ne la voit pas apparaître sous son vrai nom, mais ses coups n’en sont pas moins sûrs, en même temps qu’ils sont plus cruels : c’est la spoliation armée du mensonge et de la calomnie.
Telle est l’image fidèle des décrets du 22 janvier 1852, qui ont dépouillé les princes d’Orléans de la fortune de leur père. Nous sommes assuré qu’après avoir parcouru avec nous les diverses phases de ces actes déplorables, il n’est pas un esprit droit, il n’est pas un cœur honnête qui ne ratifie le jugement que nous venons d’en porter. Louis-Napoléon a proclamé dans ce décret que Louis-Philippe s’était rendu coupable d’une fraude honteuse envers le trésor public en faisant donation de ses biens à ses enfans quand ils devaient être dévolus à l’état en vertu du principe monarchique reconnu par Henri IV et rétabli par Louis XVIII, qui voulait que les biens privés de chaque héritier légitime arrivant au trône fussent incorporés de plein droit au domaine de l’état[1]. Or l’avènement du duc d’Orléans au trône était la négation directe de ce principe; qu’importe? Alors même que la dévolution eût été applicable à la dynastie nouvelle, la donation faite le 7 août 1830 eût encore été valable, puisqu’elle avait été faite, non par le roi Louis-Philippe Ier, mais par le duc d’Orléans. Le prince n’avait fait qu’imiter en cela le comte d’Artois, prenant ses précautions contre le principe de la dévolution pour le cas où la mort de son frère Louis XVIII l’appellerait au trône; qu’importe encore? Il fallait un prétexte, il a été trouvé : Basile s’est mis au service du conspirateur de Stras-
- ↑ Édit de juillet 1601. — Loi du novembre 1814, article 20.