qu’en elle a été formé et animé le corps auquel s’est uni le Verbe divin, hypostase de la Trinité, ce qui fait dire qu’il est né selon la chair. — Le but de nos adversaires, dit encore Cyrille, est de confesser deux Christs et deux fils, l’un proprement homme, l’autre proprement Dieu, et de faire seulement une union de personnes : voilà l’essence de leur querelle… Ils nous calomnient en nous faisant dire que la divinité est née de Marie et qu’elle est morte ; nous disons que le Verbe divin est né et mort suivant l’humanité qu’il a prise. » Telle est en résumé la doctrine de Cyrille, exposée surtout dans la lettre dont nous parlons.
L’archevêque de Constantinople, si rudement saisi par Cyrille, essaya de lui échapper par un coup perfide et qui devait le mettre pour toujours hors d’état de nuire. Il était arrivé tout récemment dans la ville impériale une troupe d’aventuriers égyptiens qui venaient porter plainte devant l’empereur contre des injustices et des violences exercées sur eux par leur patriarche ; c’étaient des actes inouïs de spoliation et de cruauté, des empiétemens de juridiction qui auraient paru fabuleux de la part de tout autre, mais que rendaient croyables le caractère et les procédés de gouvernement du pharaon d’Alexandrie. Les trois plus importans de ces Égyptiens se nommaient Chérémon, Victor et Sophronas, ce dernier serviteur d’un certain Flavien surnommé le banqueroutier. Il se trouvait même parmi eux un prêtre. Au fond, ces hommes-là n’étaient pas très honorables, et l’apocrisiaire ou nonce chargé des affaires de Cyrille à Constantinople donnait sur eux des renseignemens qui eussent fait reculer, au moins provisoirement, tout autre protecteur qui n’eût point eu un intérêt à s’en servir. Il les représentait comme des gens de mauvaises mœurs et de condition infime, des malfaiteurs, dont l’un avait tiré l’épée contre sa mère, l’autre s’appropriait, dans un hospice probablement, l’argent des pauvres et des aveugles ; un autre avait commis des larcins de complicité avec une servante, un quatrième enfin avait diffamé son évêque : c’était probablement le prêtre. Voilà ce que disait l’apocrisiaire ; mais la version de ces hommes était très différente, et ils savaient persuader ceux qui les entendaient. Nestorius n’hésita point à se faire leur patron ; il les présentait aux magistrats, les recommandait à l’empereur, les recevait même à l’évêché, où il les montrait à tout venant. Là, comme on le pense bien, l’administration du patriarche tyran de l’Égypte, sa perfidie, ses méfaits de tout genre, étaient traités, comme dit Cyrille lui-même, avec des langues de fiel et de venin. L’empereur trouvait l’affaire assez grave pour que le patriarche d’Alexandrie fût appelé à Constantinople, contradictoirement avec eux, devant les juges séculiers. Nestorius opinait pour un tribunal ecclésiastique, parce qu’un des plaignans était prêtre, et que les