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DU RADICALISME
EN MATIÈRE D’IMPÔT


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I.

La transformation radicale de l’impôt est un des objets les plus immédiats que poursuit le parti ultra-démocratique. Partout où il s’agite, et où ne s’agite-t-il pas en Europe ? il donne place à cette question à côté des questions de travail, de crédit, d’association. On se propose d’en faire non-seulement un but, mais un moyen, peu d’instrumens étant plus propres que l’impôt à battre efficacement en brèche le vieil édifice des inégalités sociales. Le socialisme ne fait pas mystère de cette stratégie ; il ne cache pas la manière dont il espère conduire ce siège en règle de la société en prenant l’impôt pour base d’opérations. Tel est le plan que développait tout récemment un orateur dans une réunion tenue à Moscou. Il est vrai qu’un organe révolutionnaire, comme il en existe même en Russie, protestait contre les lenteurs et l’hypocrisie de ces moyens détournés ; l’honnête journal demandait que la réforme s’opérât d’une façon non pas oblique, mais perpendiculaire, c’est-à-dire sans doute d’emblée et sans préliminaires. Il s’en faut que tous aient cette décision et cette franchise. Ajoutons qu’il s’en faut que les partisans de cette transformation complète du système des impôts se rattachent tous également au socialisme radical ; on compte parmi eux un certain nombre d’économistes et de publicistes qui ont à cœur de s’en séparer. Sous une forme ou sous une autre, il est facile de reconnaître partout ici la présence de l’esprit novateur. La question de l’impôt se pose de tous côtés. Il est peu de nations qui ne s’occupent de la révision de leur système de taxes. L’Italie et l’Espagne en sont là. La Russie est en train d’aviser à la réforme des impôts établis ; la question est entre les mains des assemblées