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LE RENOUVEAU
1871


L’air soupire encor, tout sonore
Du dernier canon qui s’est tu,
Le sol est tout tremblant encore
Des escadrons qui l’ont battu ;

Il plane encore des fumées
Sur les monceaux de noirs débris,
Du piétinement des armées
Les champs sont encore meurtris ;

Et déjà, comme les étoiles
Perçant l’infini ténébreux,
Les amours écartent les voiles
Qu’un deuil immense a mis sur eux.

Les amours purs, les amours graves
Des fiancés et des époux
Accompagnaient au feu les braves,
Menacés par les mêmes coups ;

Ils s’enfonçaient dans les mêlées,
Invisibles, silencieux,
Les lèvres par pudeur scellées,
Et par respect baissant les yeux ;

Car, dans la commune détresse,
Les jeunes gens, prêts à périr,