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ENQUÊTES INDUSTRIELLES

LA COMPAGNIE DES MINES D'ANZIN

Peu de mois avant les derniers événemens, je m’étais rendu à Anzin sur l’invitation du conseil de la compagnie, que présidait alors M. Thiers. C’était vers le milieu de juillet, l’une des dates où chaque année les six membres de ce conseil se donnent rendez-vous dans la maison de régie. J’y trouvai réunis avec leur président le général Chabaud-Latour, M. Casimir Perier et M. Lambrecht, que nous venons de perdre. Pendant trois jours, je fus leur hôte et dans une certaine mesure identifié à leurs travaux. Il s’agissait pour eux d’une inspection périodique, pour moi d’une étude sur cette exploitation de mines qui n’a point d’égale en France pour les proportions, rien d’analogue nulle part pour le régime. On devine l’intérêt que je dus prendre à une reconnaissance faite dans ces conditions. Avec le concours du directeur-général, M. de Marsilly, nous vîmes successivement le puits d’extraction et le port d’embarquement de Denain, des maisons d’ouvriers d’un nouveau modèle qui étaient alors en construction, une fabrique d’agglomérés où les débris et la poussière du charbon sont convertis en briquettes au moyen d’appareils ingénieux, enfin de vastes ateliers de construction montés de manière à pourvoir à tous les radoubs et à tous les rechanges, depuis un clou jusqu’à une machine. Dans ce long itinéraire, M. Thiers ne quitta pas un instant la partie, et se montra le plus alerte de nous, ayant ici un ordre à donner, là un mot à dire sur les points essentiels. Il prenait goût à sa tâche et en donnait le goût. Le lendemain, il fit mieux encore ; il compléta et anima par des explications ce qui la veille avait passé sous nos