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variable en nombre, se compose ordinairement d’un médecin principal, d’un médecin- major de première classe, de huit aides-majors, de plusieurs pharmaciens, d’un aumônier, d’un officier comptable, d’infirmiers et de soldats d’administration. Elle possède un certain nombre de voitures pour les blessés et de fourgons pour le transport du matériel et des médicamens. Établie dans un village assez en arrière du lieu même de la lutte, elle se transforme après le combat en un véritable hôpital temporaire où sont traités les blessés et malades du corps d’armée. L’Autriche a également une ambulance centrale par corps d’armée (Corps-Ambulanz), disposée pour recevoir temporairement 150 blessés graves, désaltérer, restaurer, secourir 600 blessés de passage. Le personnel médical est de 5 médecins. assistés de 2 aides hospitaliers et de 36 infirmiers.

La Prusse avait en 1866 trois ambulances fixes par corps d’armée (sohwere Feld-Lazarethe), représentant notre ambulance du quartier-général, tandis que l’ambulance divisionnaire était représentée par des corps plus mobiles (leichte Feld-Lazarethe). Depuis 1868, cette distinction a disparu, chaque armee-corps a douze ambulances, donnant réunies un total de 93 médecins, 159 aides hospitaliers, 204 infirmiers. Chacune d’elles a le matériel et le personnel nécessaires pour former douze hôpitaux pouvant recevoir 200 malades, ou pour le corps entier 2,400 ; l’on peut même, en cas de nécessité, avoir recours au personnel des trois compagnies de santé. Parmi les blessés ou les malades, beaucoup peuvent être évacués sans danger sur les hôpitaux d’arrière-ligne, et, si l’armée marche en avant, quelques-uns de ces Feld-Lazarethe se transforment en hôpitaux fixes et prennent les malades des autres qui s’en vont avec l’armée.

L’organisation du service médical régulier dans l’armée française s’arrête à l’ambulance du quartier-général ; nous n’avons plus après cela que des ressources aléatoires, tandis que l’Autriche possède tout un ordre d’établissemens organisés sur les derrières de l’armée » et qu’on appelle les hôpitaux de guerre (Feld-Spital), et la Prusse ses hôpitaux d’étapes (Etappen-Lazareth). Cette absence d’établissemens d’arrière-ligne a pour nous comme conséquence fatale la nécessité d’évacuer coûte que coûte sur les hôpitaux des villes voisines les blessés et les malades, qui sans cela encombreraient les ambulances. Il faut avoir conduit ou accompagné de ces évacuations pour comprendre quel rôle elles jouent dans l’aggravation de notre mortalité. On ne dispose que de chariots de réquisition, on les remplit de paille et l’on y couche les blessés. Pendant quelque temps, tout semble marcher assez bien, mais la paille se tasse, le membre brisé prend une position vicieuse, ou le corps inerte d’un blessé vient peser de tout son poids sur la blessure de son voisin.