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m’a paru à peu près irréprochable. Il serait d’autant plus facile de l’introduire en France que, par la force même des choses, elle existe dans quelques villes où le médecin-major de régiment en garnison soigne lui-même ses soldats malades dans les salles militaires de l’hôpital civil. On pourrait généraliser cette mesure à toutes les villes de faible garnison, ce qui permettrait de supprimer beaucoup de petits hôpitaux militaires et de réaliser de notables économies. Quant aux hôpitaux militaires des villes de grande garnison, rien ne serait plus facile que de réunir dans les mêmes salles les malades de chacun des régimens casernes dans la ville, et de les y confier aux soins de leur propre chirurgien-major, assisté par l’un de ses aides-majors. Il est à peu près inutile d’ajouter que, dans l’hypothèse de cette organisation, le nombre des médecins attachés aux régimens devrait être augmenté d’une partie du personnel médical aujourd’hui exclusivement attaché au service des hôpitaux.

Dans la pratique civile aussi bien que dans l’armée, dans les hôpitaux comme dans les ambulances, en paix comme en guerre, le médecin ne peut que diriger le traitement des malades ; il n’intervient matériellement que lorsqu’il s’agit d’une opération ou d’un pansement délicat et difficile. Il faut donc auprès des malades des personnes qui puissent renouveler les pansemens simples, exécuter en un mot les prescriptions du médecin. D’autres soins d’un ordre plus général qui demandent moins d’intelligence et d’expérience peuvent être confiés presque sans apprentissage à des personnes qui ont un peu d’adresse et de dévouement : on les chargera de renouveler le linge du malade, de lui donner dans son lit la position la plus favorable, de lui administrer les médicamens et les tisanes. Enfin dans les établissemens publics, dans les hôpitaux civils ou militaires, il faut un personnel tout à fait subalterne, mais non spécial, sans contact avec les malades, et auquel incombent les fonctions qui ont trait à la propreté et à la bonne tenue de l’établissement. En France, une distinction correspondante a été établie depuis 1862 parmi les infirmiers militaires. Le soldat infirmier, dit infirmier d’exploitation, est chargé de maintenir la propreté de l’hôpital et des salles, de porter les brancards et les fardeaux, en même temps d’aider dans leur service auprès des malades les infirmiers d’ordre supérieur. Ceux-ci, qu’on appelle infirmiers de visite, sont choisis parmi les précédens en raison de leur bonne conduite, de leur zèle, de leurs aptitudes ; ils ont une solde un peu plus élevée, et comme marque distinctive de leur situation portent au collet de leur uniforme un caducée brodé en blanc. Ils tiennent les cahiers de visite, font les relevés d’alimens d’après lesquels s’établit la comptabilité, distribuent les médicamens suivant les prescriptions médicales, font les pansemens simples, et remplissent une partie des