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seulement, dans le cas le plus favorable, 1 médecin sur 300 hommes ; mais l’armée appelée tout entière au service ne compterait plus que 1 médecin pour 580 hommes. Or, même en supposant que l’armée sur le pied de guerre n’excédât pas 500,000 hommes, nous n’arriverions encore qu’à 1 médecin pour 382 hommes, chiffre que les Prussiens trouvent avec raison fort insuffisant.

Si la réorganisation de l’armée était faite sur le plan adopté par la Prusse, l’armée sur le pied de guerre comprendrait trois contingens de 140,000 hommes de vingt à vingt-trois ans en service obligatoire, et quatre contingens de la réserve, c’est-à-dire 980,000 hommes de vingt-trois à vingt-sept ans, que les pertes probables par maladies, par infirmités, par décès, réduiraient à 800,000 environ. Il nous faudrait donc au moins 4,210 médecins, et, si nous supposons l’appel de la landwehr française, c’est-à-dire de cinq contingens ne donnant guère à cette époque, par des réductions de causes multiples, que 500,000 hommes de vingt-sept à trente-deux ans, nous aurions une armée de 1,300,000 hommes, laquelle, même au taux abaissé de 1 médecin sur 300 hommes, exigerait encore 4,333 médecins. Comment arriver à ce chiffre ? En France, où beaucoup de jeunes gens dénués de toute fortune suivent plus souvent qu’en Prusse la voie toujours si difficile et dans ce cas si dangereuse des carrières libérales, nous arriverons probablement au nombre indispensable. Chaque contingent donnerait environ 300 médecins, car c’est à peu près le chiffre des docteurs reçus annuellement dans nos facultés, déduction faite des étrangers et des médecins de l’armée ou de la marine. L’armée active aurait, en plus des 1,300 médecins militaires qu’elle compte annuellement, les médecins de sept contingens, environ 2,000, auxquels nous pouvons ajouter une partie des 1,500 médecins de vingt-sept à trente-deux ans compris dans la landwehr. Nous aurions ainsi un chiffre total de 4,800 médecins, s’il ne fallait pas en déduire tous ceux qui, étant compris dans les trois derniers contingens, sont seulement au début de leurs études médicales et ne peuvent guère rendre de services. Le déficit tenant à cette cause est facile à couvrir. L’élève en médecine appelé à vingt ans à faire partie de l’armée, s’il devait faire comme soldat ses trois années de service obligatoire, ne pourrait poursuivre sa carrière. Il est de l’intérêt de l’état de le lui permettre en ne lui demandant qu’une année de service ; mais il est surtout de l’intérêt de l’élève de ne payer cette dette d’une année de service que ses études une fois terminées, et en qualité de médecin. Toute faveur exceptionnellement accordée peut être légitimement compensée par l’imposition d’une charge. On pourrait donc établir législativement que les jeunes soldats de chaque classe qui se livreraient à l’étude de la médecine ne feront qu’une année de service obligatoire comme