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divisés en deux catégories. Les uns, n’ayant pas fait d’études classiques, ayant moins de ressources pécuniaires et souvent aussi moins d’intelligence, sont destinés à devenir ce qui, dans notre médecine civile, est représenté par les officiers de santé ; ils ne peuvent dépasser les grades inférieurs de la chirurgie militaire, ni devenir médecins traitans. Les élèves de la seconde classe, étant déjà en possession des grades universitaires, font des études médicales complètes, arrivent au titre de docteur, et forment en quelque sorte l’état-major de la chirurgie militaire. Les uns comme les autres font leurs études aux frais de l’état ; mais les premiers ne doivent en échange que huit années de service dans l’armée, les seconds servent dix ans.

En Russie, c’est encore aux frais de l’état que l’élève peut faire ses études médicales, et il acquitte sa dette par un service obligatoire dont la durée varie suivant le secours pécuniaire qu’il a reçu du gouvernement ; il n’y a pas, à proprement parler, d’école spéciale militaire. L’académie médico-chirurgicale, c’est-à-dire la faculté de médecine de Saint-Pétersbourg, accepte comme pensionnaires un certain nombre d’élèves se destinant ou déjà même appartenant à la médecine militaire ; ils suivent les mêmes cours scientifiques que les élèves civils, mais ils remplissent en même temps dans l’hôpital et dans les salles affectées au service de la garnison les fonctions de médecins militaires. Dès son arrivée dans une université, trois conditions s’offrent à l’étudiant : il peut payer à l’état une redevance analogue à nos inscriptions, il peut recevoir l’instruction gratuitement, il peut enfin obtenir un secours appelé stipendium. En payant à l’état 50 roubles (200 fr.) par an, soit 1,000 fr. pour ses cinq années, l’élève, à la fin de ses études, est libre de tout engagement, libre de tout service militaire, et il peut se livrer à l’exercice de sa profession dans toute l’étendue de l’empire. L’élève qui n’a payé aucune redevance doit, une fois reçu médecin, servir l’état pendant deux années comme médecin civil ou militaire ; cependant ce service doit être fait dans l’armée par les élèves de l’académie médico-chirurgicale de Pétersbourg. Les deux années expirées, l’élève devient libre. Le stipendium est fourni par divers ministères à un nombre d’élèves qui varie suivant le nombre de bourses disponibles ; il n’est accordé qu’à ceux qui ont déjà deux années d’études médicales et qui sont en possession de bons certificats. L’élève jugé digne du stipendium est remboursé des dépenses faites pendant les deux années précédentes ; mais en échange de cet avantage il doit quelques années de service dans le ministère qui lui a payé l’indemnité : cinq ans, s’il a eu 312 francs par an, dix ans, s’il a eu le double. Enfin, mais seulement à l’académie