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établissemens de médecine militaire, la pharmacie militaire/les hospitaliers (Lazareth-Gehuifen) et les infirmiers (Krankenwärter).

Si l’autonomie du corps de santé militaire est complète en Prusse, en Russie et en Autriche, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’il y ait absorption complète des services administratifs par le service médical, que la direction des établissemens hospitaliers soit attribuée exclusivement au médecin en chef de l’hôpital. Il y a sous ce rapport une importante distinction à établir entre les hôpitaux permanens existant dans toutes les grandes villes de garnison et les hôpitaux temporaires, que les nécessités de la guerre obligent à improviser au voisinage des champs de bataille. Partout ailleurs qu’en France, le corps médical est appelé à se prononcer sur l’opportunité de créer tel ou tel hôpital, sur les conditions hygiéniques qui doivent en déterminer la construction et l’aménagement ; mais, une fois l’hôpital créé, on conçoit que le soin de veiller à la conservation et à l’entretien des bâtimens, à la régularité des approvisionnemens, à la propreté et à la bonne tenue de l’établissement, puisse être utilement partagé entre plusieurs personnes compétentes en ces matières. En France, l’intendance se charge de tout, même de la surveillance et de la réglementation du service médical. En Autriche, si la direction de l’hôpital est confiée à un personnage non médical portant le titre de commandant, du moins ce commandant n’intervient pas dans la gestion médicale de l’établissement. En Russie, le médecin en chef de l’hôpital dirige sous sa responsabilité tout ce qui a rapport au traitement des malades ; un intendant (smotritet) est chargé de la gestion financière, et tout ce qui regarde les approvisionnemens est du ressort de l’économe. Médecin, intendant, économe, forment le conseil de l’hôpital. Cependant tout ce qui a trait à l’approvisionnement en médicamens appartient au médecin en chef, lequel est le supérieur direct du pharmacien, et c’est de même au département de la médecine près le ministère de la guerre qu’appartient logiquement le soin de passer des marchés pour la fourniture des médicamens.

En Prusse, l’organisation est analogue. Depuis le 5 juillet 1852, les hôpitaux permanens sont dirigés par une commission composée d’un officier de l’armée et d’un médecin, auxquels vient s’adjoindre dans les grands hôpitaux un économe appartenant aux services administratifs. Chacun d’eux s’occupe de sa spécialité : le militaire de l’ordre intérieur, l’économe des approvisionnemens et de la gestion financière, le médecin de l’organisation du service médical ; mais tous trois ; comme le dit l’article 48 de l’ordonnance, forment un tout collectif et représentent une personne morale (eine moralische Person). — En guerre, les choses sont toutes différentes. Il faut presque à chaque instant créer dans les villages, dans les hameaux,