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purement hypothétique où celle-ci n’aurait pas été en mesure de résister à l’ennemi. M. le général Coffinières me répond, page 715 : « Comment pouvez-vous accuser d’inaction une année qui livre trois batailles en cinq jours ? Comment pouvez-vous supposer que cette armée puisse entreprendre des travaux réguliers de fortification ? » Pourquoi me faire dire une sottise qui serait en même temps une injustice ? Pourquoi mettre en avant l’armée, dont je n’ai point dit un mot, quand j’ai précisé les termes, quand j’ai parlé uniquement des habitans et de la garnison ? J’aime à croire qu’il n’y a là qu’un nouveau malentendu ; j’en parlerais plus sévèrement, s’il s’agissait d’un procédé de polémique.

Ici s’arrête, monsieur, ma discussion avec M. le général Coffinières. En ce qui concerne les relations du commandant supérieur de la place et des habitans de Metz, je n’ai rien à retrancher de mon récit, rien à y modifier. Je ne suis pas l’écho, comme l’insinue à la fin de sa lettre M. le général Coffinières, « de quelques Messins troublés par la perte cruelle de leur nationalité. » Mes autorités sont plus sérieuses. Je parle au nom de tous mes compatriotes, avec la certitude de n’être démenti par aucun d’eux. Tous les faits dont votre honorable correspondant conteste l’exactitude sont extraits d’un ouvrage officiel publié, il y a cinq mois déjà, par les soins, sous la surveillance de la municipalité de Metz, et parvenu aujourd’hui à une troisième édition. Le public a donc à choisir, non pas, comme on pourrait le croire d’après la lettre à laquelle je réponds, entre les assertions personnelles d’un de vos collaborateurs et les assertions opposées de M. le général Coffinières, mais entre le témoignage de toute une ville représentée par son conseil municipal, entre les résultats d’une enquête minutieuse ouverte à Metz, faite sur place, à l’aide des renseignemens les plus sûrs, et les dénégations nécessairement intéressées d’une seule personne.


A. MEZIERES.


En résumé, la réclamation de M. le général Coffinières s’est trompée d’adresse ; c’est au maréchal Bazaine et au conseil municipal de Metz de lui accorder les rectifications qu’il nous a demandées. Si la place ne nous faisait défaut, nous aurions reproduit ici la lettre que nous adresse à ce propos M. E. Réau, directeur du Courrier de Meurthe et Moselle, un des témoins oculaires du triste drame qui nous occupe. «… Ce que je tiens à vous dire, nous écrit M. Réau, c’est que les appréciations de M. Mézières sont scrupuleusement exactes. Vous en trouverez la preuve dans la publication du conseil municipal de Metz… En ce qui me concerne, j’ai fourni comme journaliste une note sur les opérations de la censure, note dont je suis prêt à affirmer sur l’honneur la parfaite exactitude. »


C. BULOZ.