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H. van Blarenberghe, Snyders ; nos Français Poussin, A. Lenain, Oudry, Pater, Greuze ; Tiepolo, l’Albane, et un nom de l’école anglaise, sir Josuah Reynolds.

Pour être convaincu de l’authenticité de ces peintures, — et en pareille matière, quand il s’agit de l’Amérique, on ne saurait apporter trop de preuves, — il suffira de dire qu’elles sont pour la plupart bien connues de tous ceux qui s’occupent d’art en Europe, ayant appartenu aux célèbres collections Louis Fould, Castel Barco, Festetits, Ch. de Lorraine, Lalive de Jully, cardinal de Polignac, de Mecklembourg, de Rodes, Cottrau, Delebecque, Emerson, Patureau, marquis Maison, marquis d’Aligre, duchesse de Berry, Dansaert-Engels, Lebrun, de Praslin, de Brunoy, comtesse de Verrue, van der Schrieck, Makintosh, Hastings, Shaftesbury, cardinal Fesch et de Rubempré.

Le comité du musée de New-York réunit en outre une collection très intéressante de toutes les gravures exécutées à différentes époques d’après les tableaux inscrits sur son inventaire, et il fait graver ceux dont il n’existe point de reproduction par le burin. Le soin de ce dernier travail a été confié à un jeune artiste français, M. Jules Jacquemart, l’auteur des admirables planches des Gemmes et Joyaux de la couronne, décrits et publiés par M. Barbet de Jouy. Nous avons vu un certain nombre des épreuves gravées par M. Jacquemart pour le livret du Metropolitan Museum, une quinzaine environ ; avec une remarquable souplesse de talent, l’artiste s’est attaché et a réussi à reproduire dans ses œuvres toutes les variétés de style, de couleur, d’exécution technique qui caractérisent le procédé des différens maîtres : ici la précision archaïque de Martin van Heemskerck, là les emportemens de brosse de Frans Hals, ailleurs la fermeté et la suavité de Greuze, ou l’harmonie de Guillaume Kalf, ou la lumière de van Goyen, etc. Cette belle suite d’eaux-fortes fait le plus grand honneur à M. Jules Jacquemart. Elle est destinée à entrer dans le mouvement d’échange que le comité se propose d’organiser avec les cabinets d’estampes des musées européens ; elle doit aussi orner le catalogue du nouveau musée. C’est une innovation des plus heureuses que cette publication d’un catalogue « illustré. » Il est à souhaiter que l’Europe en cela suive l’exemple de New-York, et elle le suivra. Nous apprenons en effet que, sans perdre de temps, M. Ed. Reynaert, l’intelligent conservateur du musée de Lille, prépare une nouvelle édition de son excellent catalogue, et qu’il l’enrichira de photographies, à défaut de gravures, trop coûteuses pour son budget.

Un dernier mot : le musée de New-York sera ouvert gratuitement à certains jours de la semaine ; le produit des entrées pour les autres jours, comme le produit de la vente des catalogues, estampes et moulages, est destiné à grossir le fonds des acquisitions.

Il y a là un avertissement et un enseignement. Quelle leçon en effet