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Jordaens est un Saint Jean-Baptiste enfant visitant l’enfant Jésus ; il provient de la célèbre abbaye d’Abervode, dont les tableaux ont passé pour la plupart au musée de Munich.

Le musée de New-York possède déjà deux cent cinquante tableaux, tous de la plus belle qualité, ayant tous leurs papiers en règle et tous d’origine connue. Nous n’en ferons point l’énumération, il suffira d’indiquer les plus remarquables. Nous citerons au premier rang deux Guardi, qui ne le cèdent qu’aux Guardi du marquis d’Hertford ; — de Greuze, une étude magistrale pour la figure de jeune fille qui arrête le bras du père dans le tableau de la Malédiction paternelle ; — un panneau gigantesque de Huysmans de Matines, enlevé au vestibule d’un château du marquis de Hastings, que le derby tuait, ruiné, à vingt-six ans ; — de Frans Hals, une esquisse de la Réunion des gardes bourgeoises à l’occasion de la célèbre paix de Munster, et une merveille d’entrain, de verve, de puissance, le portrait de Hille Bobbe van Haarlem, il courait au pays flamand une ballade sur la vieille Bobbe. Hals en a fixé deux couplets : l’un dans une esquisse de la galerie Suermondt, à Aix-la-Chapelle, représente Hille Bobbe les mains posées sur sa chère canette d’étain ; la peinture du musée de New-York la représente après qu’elle a maints fois vidé sa grande pinte, la lèvre pendante, l’œil ironique, la face allumée : un chef-d’œuvre.

Que de tableaux mériteraient encore qu’on s’y arrêtât longuement ! la Conquête de la Toison d’or, d’Abraham Diepenbeek, l’élève de Rubens, une toile énorme à laquelle a collaboré un autre ami de Rubens, le paysagiste Wildens ; — la Descente de croix, de Roger van der Weyden, précisément le tableau qui manque à la série de l’histoire de la passion au musée de Bruxelles ; — l’Adoration des mages, peinture rarissime, de toute beauté, dans un état de conservation parfaite, d’un élève des. van Eyck, Gérard van der Meire ; — le Lendemain des noces, de Teniers le jeune, gravé par Lebas ; — les Moulins et la Colline, de Breughel de Velours, tableaux ayant appartenu à Rubens, au duc de Praslin et à l’expert Lebrun, qui fit graver les Moulins par Lebas pour sa galerie.

Je m’arrête ici par raison, car il n’y a pas de motifs pour passer sous silence des morceaux comme la superbe tête de Christ de Thierry Bouts, comme l’Adrien de Vries, peintre dont on ne connaît que trois autres tableaux datés et signés, ceux de Gotha, de Weymar et de Rotterdam, comme le Salomon Ruysdaël de la collection du roi de Bavière, Maximilien Ier. Si nous faisions une étude sur les œuvres qui composent le Metropolitan Museum, il nous faudrait signaler la rare fortune qu’a eue le comité de rencontrer, d’un si beau choix, de qualité si pure, quelquefois si rare, une suite de peintures où se retrouvent encore les noms de Velasquez, Lucas Cranach ; , van Dyck, Isaac et Adrien van Ostade, Jean et André Both, Terburg, Miens, Hobbema, Jean Steen, van der Helst,