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sépara, la fondation du Metropolitan museum of art était décidée. On constitua une commission provisoire. La présidence en fut offerte à M. Johnston, l’un des plus riches amateurs de New-York. Il accepta et servit la cause commune de son immense influence et de son immense fortune. Cette commission nomma enfin deux comités définitifs : un conseil des trustees, une sorte de chambre haute dont M. Johnston conserva la présidence, et un comité d’exécution dont M. Blodgett fut nommé le chairman ou président d’action. Dans les sous-comités formés en vue de tels ou tels services : peinture, statuaire, architecture, etc., chaque membre s’engagea sous sa responsabilité individuelle à réunir parmi ses relations une somme déterminée ; outre les cotisations versées par eux une fois pour toutes, le président du conseil des trustees s’inscrivit personnellement pour une somme annuelle de 50,000 francs, le président du comité d’exécution pour une somme également annuelle de 25,000 francs.

Toutes ces résolutions parfaitement arrêtées, la société obtint de la législature un bill d’incorporation qui devait lui permettre (comme en France la « déclaration d’utilité publique ») d’agir comme personne civile. L’état de New-York approuva les statuts, la municipalité fit de même, et, considérant que l’œuvre de la société présentait à la fois un intérêt national et un intérêt métropolitain, il lui fut fait don, à ce double titre, d’un terrain considérable situé près de Central-Park, le plus grand parc de l’univers. Le terrain étant trouvé et un premier million voté pour commencer les constructions du Metropolitan Museum, il fallait tirer le meilleur parti possible des merveilleuses ressources dont on disposait. Ici se révèle le sens pratique du peuple américain. On pensait à l’avenir, on sut prévoir tous les développemens ultérieurs que devait imposer l’accroissement constant des collections ; à cet effet, on dressa le plan du musée complet tel qu’il pourrait être dans un siècle. L’espace est vaste, en conséquence les bâtimens n’auront qu’un seul étage. A l’imitation du nouveau musée de Dresde, — supérieur encore à ce point de vue au musée de Munich, — cet étage sera divisé en vastes salles et en salles plus petites ou cabinets, de dimensions proportionnées à celles des œuvres qui y prendront place. Tout le monde sait ce que gagne une œuvre d’art à être vue dans un écrin à sa taille. Au rez-de-chaussée, cela va sans dire, dans les salles latérales largement éclairées, iront les marbres et les sculptures ; les salles du centre seront disposées pour des cours, conférences et lectures ; enfin les ailes des deux grandes façades seront affectées, le moment venu, au musée d’art industriel. Bien que le plan d’ensemble soit définitivement adopté, on n’élèvera tout d’abord que la hall du milieu, centre autour duquel les constructions nouvelles viendront se grouper dans un ordre déterminé d’avance et en raison des besoins successifs. De la sorte seront évités les inconvéniens des additions après coup, dont le moindre est de