Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/941

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre 1871.

Puisque la France, renversée du haut de ses rêves, doit mettre le signet à sa vieille histoire pour recommencer une histoire nouvelle ; puisqu’elle est vouée désormais aux dures et sérieuses épreuves d’une nation qui a tout à la fois à se relever de la guerre étrangère et de la guerre civile, qui a son territoire à délivrer, ses institutions à reconstruire, ça fortune diplomatique et morale à refaire, sa capitale à guérir des dernières blessures de l’anarchie, il faut bien que sans illusion et sans fausse honte elle accepte dans toute leur rigueur ces conditions laborieuses. Une nation n’est point déshonorée parce qu’elle a été vaincue, elle ne mériterait pas le nom de nation, si elle ne trouvait en elle-même les moyens de reprendre son rang dans le monde, de garantir l’indépendance de son action, la sûreté de ses relations par une existence pacifiée et raffermie. Aujourd’hui comme hier, il y a donc pour la France un double travail, il y a ce que nous appellerons le travail de libération vis-à-vis de l’étranger, et il y a ce qui a pris le nom de réorganisation nationale. Nous ne cachons point, pour notre part, que tout ce qui peut avoir pour résultat d’affranchir un fragment de territoire de plus a la première place, que tout doit céder le pas à cet intérêt supérieur, et que l’élection même des conseils-généraux, si grave qu’elle soit au moment où nous sommes au point de vue de la réorganisation du pays, ne vient qu’après cette négociation que le gouvernement s’est fait autoriser à poursuivre avec la Prusse pour enlever six départemens de plus à l’occupation étrangère.

Où en est donc aujourd’hui cette négociation ? Il est clair qu’elle n’a pas marché avec toute la rapidité sur laquelle on comptait d’abord, qu’il y a eu des difficultés et des tiraillemens à la suite des conditions nouvelles introduites par l’assemblée dans le règlement éventuel des relations commerciales de la malheureuse Alsace et de la France. Bref, M. d’Arnim n’a pu rien conclure à Versailles, et il a fallu que M. le ministre des finances prît le chemin de Berlin pour aller en finir avec