Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/764

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les mystères du serpent Python ; à sa septième année, il l’est de nouveau sous l’invocation de Mithra, dans le baptême sanglant d’un taurobole. Son père lui fait alors commencer le long voyage qui doit le former aux rites sacrés de tous les pays, car, comme il le dit lui-même à l’assemblée des fidèles, « ses parens désiraient qu’il apprît ce que recèlent la terre et l’air et la mer profonde. » On le conduit d’abord à Athènes, où son père le fait inscrire comme citoyen, afin de lui ouvrir l’accès des mystères d’Eleusis. A dix ans, il y est reçu, porte le flambeau mystique dans les processions de Cérès, et, comme il le dit encore, « mêle ses lamentations à celles de la mère éplorée qui cherche sa fille. » Il obtient ensuite son admission aux mystères de Minerve, célébrés dans la citadelle de la ville. Cyprien était arrivé au grade de portier dans le temple de la patronne d’Athènes lorsque, pour continuer le cours de ses initiations, son père l’envoie en Thessalie.

La Thessalie, comme on sait, était la terre privilégiée des herbes magiques et des magiciens. Sur le mont Olympe, qui la domine, siégeait un collège de sept prêtres, les plus vénérés de toute la Grèce. Cyprien leur est confié ; il apprend d’eux comment l’Olympe, séjour des dieux et des déesses, est le point de départ des Heures qui règlent le temps dans le monde matériel de même que dans la vie humaine. « Il les vit se mouvoir, nous dit-il, dans le cercle de leur course toujours renaissante ; il les distingua par leurs attributs et leurs formes ; il sut quel démon préside à chaque mouvement de cette immense évolution de l’univers. Les dieux et les déesses lui apparurent aussi dans leurs assemblées, les uns faisant entendre des chansons voluptueuses, les autres essayant leurs forces dans des combats, les uns méditant des ruses, d’autres fiers et insultans, d’autres enfin semant la peur autour d’eux. » On lui enseigna aussi à connaître les bruits de la terre et du ciel, les vertus secrètes des plantes et des arbres, celles-là surtout qui énervent les forces de l’homme et égarent sa raison pour le mettre en révolte contre Dieu. Sa retraite sur l’Olympe dura quarante jours, pendant lesquels il fut astreint à un jeûne austère, ne mangeant que des herbes et quelques fruits après le coucher du soleil.

D’autres croyances, d’autres initiations plus anciennes que celles des Hellènes et remontant aux races primitives de la Grèce, l’attirèrent dans le Péloponèse. Argos était le siège du culte de Junon, Lacédémone de celui d’Artémis ou Diane, et à chacun de ces cultes s’attachaient une doctrine secrète, des rites particuliers, des épreuves différentes pour les initiés. Cyprien arriva dans Argos au moment où se célébraient les fêtes de l’Aurore ; il se fit connaître et fut reçu parmi les prêtres. Les mystères de Junon lui expliquèrent