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L’ORIGINE DE L’HOMME


D’APRÈS DARWIN




The descent of man, and selection in relation to sex, by Charles Darwin ; 2 vol. Londres 1871. John Murray




« Évolution, mot magique ! il nous donne la clé de toutes les énigmes qui nous entourent. » Ainsi s’écriait, il y a trois ans, le plus ardent des émules de Darwin en traçant à grands traits une histoire de la création fondée sur la théorie des transformations graduelles et de l’hérédité élective. M. Haeckel n’a pas craint d’aller jusqu’au bout, et de faire descendre l’homme par variation successive de quelque forme inférieure dont les singes seraient dérivés comme une branche latérale. D’autres naturalistes sont arrivés à la même conclusion, quelques-uns se sont déclarés simplement pour l’origine simienne de l’homme, en ajoutant, par manière de bravade, qu’ils rougissaient encore moins d’avoir pour ancêtre un honnête singe que de s’avouer les fils de certains fanatiques ennemis de la lumière et du progrès. Il s’est fait un grand bruit autour de ces débats, qui ont soulevé bien des passions ; M. Darwin ne disait mot. Enfin il a jugé que le moment était venu de quitter cette réserve, que ses adeptes et ses adversaires expliquaient de plus d’une façon. Il avoue qu’il a longtemps ajourné la publication de ses recherches sur l’origine de l’homme de peur d’irriter les préjugés que devait rencontrer sa doctrine chez quelques savans ; il a voulu lui laisser obtenir droit de cité avant d’en tirer les dernières conséquences.

Dans l’ouvrage qu’il vient de mettre au jour, M. Darwin accepte donc la responsabilité de l’application qu’on a faite de sa théorie à la généalogie de l’homme, « Ma conclusion principale, écrit-il, à savoir que