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l’industrie dans la personne des ouvriers. Je suis convaincu que l’impôt sur les voitures était juste, qu’il n’atteignait pas le luxe d’une manière dangereuse. Je ne crois pas surtout qu’il faille adopter cette théorie absolue qui condamne tout impôt qui porte sur les manifestations de la richesse qu’on peut considérer comme des jouissances de luxe. » Renfermées dans ces limites, les idées que ces paroles expriment sont de toute vérité. Au surplus, tel paraît avoir été l’avis de la commission du budget. Elle a proposé le rétablissement de la taxe sur les chevaux et les voitures. L’assemblée nationale vient, avant de se séparer, de remettre en vigueur la loi de 1862.

Que les riches, à fortune égale, paient sensiblement moins en France qu’en Angleterre, c’est un premier fait indéniable. Que les impôts sur les consommations de luxe soient notablement plus faibles en France que dans la plupart des autres pays, c’est un second fait qu’on ne peut contester. Il n’y a aucun socialisme à reconnaître de tels faits et à louer les nations qui ont modérément recouru à cet ordre d’impôts.

Est-ce à dire que l’on conseille d’adopter tous les impôts de luxe existant dans le monde ou proposés quelquefois par des écrivains bien intentionnés et qui n’ont rien à démêler avec le socialisme révolutionnaire ? Non assurément. Il y a dans les budgets de l’Europe et des États-Unis d’Amérique une quantité de taxes dont l’application serait trop souvent vexatoire en même temps que le revenu en serait presque insignifiant. C’est affaire de tact que de discerner ce qui peut être emprunté dans ces impôts. Avant la séparation de la Hollande et de la Belgique, on comprenait dans la taxe sur le mobilier les joyaux et les objets d’or et d’argent, comptés pour la moitié de leur valeur. Cette taxe, loin de disparaître, s’est aggravée, ces mêmes objets, en y comprenant les montres, étant taxés pour toute leur valeur. Aux États-Unis, la taxe sur les montres a place parmi les recettes de plusieurs états ; une montre d’argent est imposée dans quelques-uns d’un dollar par an, une montre d’or de deux dollars. La déclaration ne paraît pas se faire avec une grande loyauté, s’il est vrai, comme nous le lisions naguère, qu’on n’avait déclaré, il y a quatre ans, que trente-huit montres dans l’état de la Louisiane et aucune dans la Pensylvanie. On trouve aussi dans quelques états de l’Union l’impôt sur les pianos. En Suède, l’impôt a compris quelquefois des taxes sur les montres et sur les meubles d’acajou et la soie. L’Angleterre a perçu aussi des taxes sur les montres, mais l’impôt a peu duré. L’argenterie, de 1809 à 1812, en Prusse, a été imposée non-seulement à l’aide d’un droit de marque comme en Angleterre et en France, mais encore comme objet de luxe. Nous parlions d’une taxe assez singulière sur