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LES IMPÔTS
SUR
LES CONSOMMATIONS DE LUXE

Les impôts sur les consommations de luxe ne forment pas dans les budgets des différentes nations une catégorie sous cette désignation spéciale. Le nom de luxe n’y est pas prononcé ou ne l’est que très rarement. Peut-être le législateur l’a-t-il jugé vague, peut-être a-t-il voulu éviter de rappeler les anciennes taxes somptuaires, peut-être encore a-t-il craint de présenter comme un point de mire aux instincts démagogiques ; mais, si le mot ne se trouve guère, l’idée n’est pas absente. Nul doute que, dans l’établissement de certaines taxes d’un poids exceptionnel, le législateur n’ait été décidé par cette circonstance, qu’elles offrent plus de rapport avec le plaisir qu’avec le besoin, qu’elles atteignent les riches plus que les pauvres. Il n’y a rien à redire, si la mesure est observée, et si les considérans sur lesquels s’appuient de tels impôts ne revêtent pas, comme on l’a vu plus d’une fois, le caractère d’une hostilité systématique contre le luxe et la fortune. Les pays démocratiques comme le nôtre peuvent faire une part à ces taxes ; ils doivent se garder de l’exagérer, et de prêter par là des armes à ces écoles et à ces passions pour qui tout est prétexte dans la lutte radicale qu’elles soutiennent contre le capital et les inégalités sociales.

La manière dont se comporte une société démocratique vis-à-vis du luxe est un des signes qui permettent le mieux d’en juger les tendances. Nulle part on n’aperçoit mieux quelle idée elle se fait de