Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
dernière partie[1]


XVI.

Marguerite avait son père pour elle. Cette réflexion l’avait aidée à s’endormir, et le lendemain lui adoucit son réveil. Le temps s’était mis subitement au dégel ; un rayon de soleil presque tiède, glissant entre ses volets, pénétra de bonne heure dans sa chambre, et vint se jouer sur la courte-pointe de son lit. Ce rayon réveilla sa jeunesse, qui était restée dans cette chambre et qui se mit à bourdonner comme une mouche engourdie par le froid que ranime une fausse espérance de printemps. Marguerite causa quelques instans avec ses gaîtés d’autrefois, qui s’efforçaient de la consoler. Il est des âmes qui naissent avec une sorte de vocation pour le bonheur ; en vain leur échappe-t-il, ses refus ne peuvent triompher de leurs obstinations : elles comptent sur ses retours et l’attendent.

Désireuse d’éviter un tête-à-tête avec sa mère, Marguerite fit avertir M. Mirion qu’elle l’accompagnerait à la ville. Quand ils furent montés en voiture : — Ta mère m’a livré ce matin de bien rudes assauts, lui dit-il ; elle a ouvert le feu avant l’aube.

— Décidément elle ne me croit pas !

— Hélas ! non. Elle prétend que le fond de l’affaire, c’est que tu as eu la sottise de tomber malade, de perdre tes couleurs, et que

  1. Voyez la Revue des 15 juillet, 1er  et 15 août, 1er  et 15 septembre.