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relativement aux autres colonies, et qu’enfin, avantage immense le commerce français y occupe une place fort honorable. Les Messageries françaises y ont un comptoir ; elles apportent, ainsi que la Compagnie orientale et péninsulaire, tous les huit jours des nouvelles de France relativement récentes, puisque en moyenne elles n’ont que deux mois de date. Pour se rendre jusqu’au Japon, il est impossible d’avoir des moyens de transport plus rapides et offrant avec un confortable inouï, un panorama plus varié.

Pour aller en Europe par le Pacifique, le tableau change complètement : la route par l’Amérique centrale et l’Atlantique est loin d’offrir la même variété. A l’exception du trajet de San-Francisco à New-York, qui se fait en six jours et vingt heures en chemin de fer (5,300 kilomètres), tout le voyage s’accomplit par mer.

Mes notes s’arrêtent ici, car je ne puis, dans un travail aussi succinct, parler des États-Unis comme il conviendrait d’en parler. Il n’y a pas assez longtemps d’ailleurs que M. Lindau a publié dans* la Revue des Deux Mondes[1] la remarquable relation de son voyage de San-Francisco à New-York. Cependant, comme au 10 mai 1869 date de l’inauguration de cette œuvre immense, la voie présentait de sérieux dangers, surtout dans la Sierra-Nevada, où, comme à Summit, les trains de voyageurs s’élèvent dans les neiges jusqu’à une altitude de 2,000 mètres, il est bon de dire qu’aujourd’hui tout péril a disparu. Au lieu des voitures grossières dont les premiers voyageurs durent se contenter, on y trouve à présent des wagons somptueux avec lits, restaurans, salons bien tenus, chauffés et éclairés comme ceux de nos meilleurs hôtels d’Europe. Des trains spéciaux à prix réduits ayant été réservés aux travailleurs de toutes les nationalités, on n’est plus en contact direct avec les rudes mineurs de la Sierra ou les terrassiers de ces nouvelles voies ferrées qui, semblables aux petits cours d’eau pressés de se joindre aux fleuves, viennent chaque jour se relier au Grand-Central. Si le voyageur s’effrayait d’avoir à passer près de sept jours consécutifs en chemin de fer, qu’il regarde son itinéraire. Il est bon nombre de villes, telles que Ogden, Salt-Lake City, Cheyenne, Omaha, Chicago, qui méritent d’être visitées. C’est dans ces jeunes cités, bien mieux qu’à New-York, que l’on comprendra comment, avec la liberté et le travail, se fondent les grandes républiques.


EDMOND PLAUCHUT.

  1. Voyez la Revue du 1er novembre et du 1er décembre 1870, 1er mars 1871.