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LA DISETTE
DU BOIS D'OEUVRE

DE LA RESERVE DES CHÊNES D'AVENIR

Parmi les biens naturels mis à la disposition de l’homme sur la terre, le bois est l’un des plus importans. Les métaux, les pierres, les charbons de terre, sont très inégalement distribués à la surface du globe, font complètement défaut en certaines régions, et enfin ne se reproduisent pas. Tout au contraire les végétaux renaissent à mesure qu’ils sont consommés ; mais parmi ces derniers le bois et l’herbe seuls se rencontrent partout sur la terre habitée : c’est qu’ils nous sont indispensables. Quelques exceptions, comme l’Islande, qui nia d’autres bois que les arbres jetés sur ses rivages par les courans marins, ne font que confirmer cette remarque. L’eau, que la nature distribue aussi en tout lieu et qu’elle y renouvelle sans cesse par le mécanisme admirable de l’évaporation et de la pluie, l’eau seule est plus nécessaire encore que l’herbe et le bois. Des rapports intimes et nombreux relient d’ailleurs la distribution naturelle des plantes à celle des eaux.

C’est par l’intermédiaire des animaux, domestiques ou sauvages, que l’herbe, devenue chair, profite à l’homme. C’est directement au contraire qu’il utilise le bois, non-seulement pour se chauffer, mais pour se loger et pour fabriquer des instrumens de tout genre. Ce fait a été mis en lumière et étudié par nombre d’esprits sérieux. Bernard Palissy disait il y a trois cents ans : « J’ai voulu quelquefois mettre par estât les arts qui cesseroient alors qu’il n’y auroit plus de bois ; mais quand j’en eus escript un grand nombre, je n’en sceus jamais trouver la fin à mon escript, et, ayant tout considéré, je trouvai qu’il n’y en avoit pas un seul qui se peust exercer sans