Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auront été suspendus. Quant aux dépenses de l’instruction, elles augmenteront sans aucun doute. Qu’on ajoute à ces sommes les charges de la ville envers l’état, le service de l’octroi, de la préfecture, des mairies, du culte, des pensions, qui exigent 21 millions sans qu’il y ait d’économies à faire, et on atteindra près de 200 millions, auxquels il faudrait encore ajouter l’allocation accordée à la préfecture de police, comprise au budget dernier pour 16 millions.

Au sujet de cette dernière somme, une question grave se pose. Est-ce vraiment une charge municipale, ne devrait-elle pas incomber à l’état ? Sans contredit, la situation de Paris, capitale politique de la France, toujours de fait sinon de droit, rend le service de la police comparativement plus onéreux et plus difficile que partout ailleurs ; la direction de la police appartient exclusivement au pouvoir central, les frais qu’elle coûte devraient ressortir au ministère de l’intérieur. A présent surtout qu’il convient d’augmenter à Paris les forces préposées au maintien de l’ordre, que la garde municipale et la gendarmerie forment un effectif considérable, le budget de la ville peut plus que jamais être exonéré de ce fardeau. Toutefois il ne faut pas oublier que le préfet de police dirige à la fois le service de la salubrité et celui de la sûreté, que le premier constitue une dépense municipale proprement dite à inscrire au budget ordinaire de la ville, et qu’il n’y a pas lieu par conséquent de prévoir pour celui de 1872 un chiffre inférieur à 200 millions.

La situation, on le voit, devient très grave, et le règlement de 1872 présentera de bien grandes difficultés avec les charges fortement accrues de la dette, avec des travaux qu’on ne pourra plus reculer, avec des recettes qui n’auront pas encore repris leur niveau. Nous savons qu’on est prompt à l’espérance, et nous connaissons déjà des projets conçus en France et à l’étranger pour reprendre les grands travaux de percement de rues et d’expropriations ; encore faut-il que l’espérance repose sur des chiffres probables. Or en admettant pour 1872 des recettes analogues à celles de 1869, ce qui est une grande concession, comment pourrait-on équilibrer avec elles les dépenses du budget ordinaire, telles que nous venons de les indiquer ?

En 1869, les recettes ordinaires proprement dites admises au budget, celles qui proviennent de revenus annuels, se sont élevées à 156 millions 1/2. Parmi les plus productives, les centimes communaux figurent pour plus de 5 millions, l’octroi pour 105, le produit des halles et marchés pour 10, le revenu des eaux pour 7, les abattoirs pour 2 1/2, les locations sur la voie publique pour à, enfin, les contributions, legs et donations pour travaux et services divers pour plus de 11. C’est à cet ensemble de revenus qu’il s’agirait de demander un supplément ; mais auquel s’adresser de préférence ?