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morales de la ville, enfin de consacrer plus de 140 millions à la continuation des grands percemens. L’emprunt de 660 millions n’a pas été émis, et non-seulement on n’a pourvu à aucune de ces dépenses, mais encore on a, par un véritable virement, augmenté de 100 millions la dette de la ville vis-à-vis du Crédit foncier, ce qui constitue un nouvel emprunt. On va émettre 350 millions d’obligations, on laisse subsister 109 millions de dette flottante, c’est-à-dire qu’on se trouve avec 560 millions de charges nouvelles dans la situation où l’on était il y a un an, et en face des mêmes nécessités. Si l’on objecte que dans ces 560 millions sont compris les frais de la liquidation de la caisse des travaux déjà en cours l’année précédente, il faut par contre ajouter à toutes les dépenses du siège et de l’insurrection, qui ont absorbé ces sommes exorbitantes, le prix de tous les travaux négligés et d’autant plus coûteux, de tous les services suspendus, les pertes infligées à la communauté et aux individus, les frais de réparation et de reconstruction qu’il faudra payer avant de reprendre l’œuvre telle que l’avait laissée le corps législatif. Si l’on essayait encore de supputer ce qu’a coûté la cessation du travail sous tant de formes, la diminution des fortunes privées, le ralentissement des entreprises, l’esprit faiblirait épouvanté, et le cœur le plus confiant se fermerait peut-être à l’espoir de réparer tant de désastres.


II

Nous ne pouvons dresser à priori le budget de 1872, mais après avoir constaté le découvert actuel et le déficit de l’exercice, sans entrer dans l’examen détaillé des recettes et des dépenses annuelles de la ville, il faut bien examiner la situation qui va lui être faite par ce nouvel emprunt, dont le gouvernement vient déjà de faire l’objet d’un projet de loi, et chercher comment l’avenir en supportera le fardeau. Dans le mémoire présenté au corps législatif en 1870 à l’appui du budget extraordinaire, M. Chevreau avait donné le tableau jusqu’en 1925 des annuités à payer pour l’extinction de toutes les dettes municipales, emprunts, rachats de ponts, de canaux, etc. En chiffres ronds, ces annuités s’élevaient pour 1871 à 88 millions 1/2, pour 1872 à 82, pour 1873 à 78, pour 1874 à 77, pour 1875 à 72, et à 69 millions pour 1876. C’est à cette date que venaient à échéance les derniers bons de la caisse des travaux et que les recettes commençaient à laisser un nouvel excédant. Observons que, dans le chiffre de 1871, l’emprunt de 1869 ne donne encore lieu qu’à un prélèvement de 7 millions 1/2, lequel sera doublé les années suivantes, et que l’annuité à payer au Crédit foncier ne s’élève qu’à 13 millions. Or, au lieu de recevoir 250 millions, le Crédit foncier n’en a touché